Les scènes sont toutes plus extravagantes les unes que les autres. Les corps, les lieux, les actions se détachent, se croisent, se percutent même, sortant une certaine réalité de ses gonds pour en créer une autre plus singulière, à la croisée de Topor, Alice au pays des merveilles et La Quatrième dimension.
Rita Mercedes est énigmatique et son imaginaire flamboyant. Ses apparitions sont rares et la provenance de ses dessins aussi mystérieuse que l’univers qu’elle déploie. Des dessins d’une richesse incroyable, qui provoquent les sens, laissent planer le doute, illustrations d’une réalité acculée, bousculée, essorée, formant un goûtu ensemble salé-poivré.
Tout est absolument fou dans ce livre, le trait, la pâte graphique, les perspectives, les ombres et lumières, ce simili-langage, les visages, les scènes représentées. Nous sommes entre le rêve, l’hallucinatoire, le fantastique. Elle-même sait-elle où elle se trouve. Parfois, un paysage se glisse, respiration contemplative et posée avant de replonger de plus belle dans les méandres d’un esprit bien secoué, à moins qu’il ne soit très clairvoyant, à moins qu’il ne soit que le reflet d’un corps coincé entre plusieurs réalités parallèles, à moins que tout cela ne soit de l’imposture, ou le reflet de celle-ci ou…
Au fil des pages tournées, lever le pied et se laisser porter, au sens propre comme au figuré, par l’amusant, l’effrayant et l’absurde, par la force qui se dégage de ce remarquable cocktail.
Les assises de l’imposture
Rita Mercedes
Editions Cornélius
2023
120 pages