L’été circulaire – Marion Brunet (Albin Michel)

Un été dans le sud de la France, la chaleur écrasante qui se profile comme chaque année, les va et vient des ados qui se coulent dans l’insouciance des vacances. Sauf Céline, qui cette année, est enceinte. A 15 ans, ça fait jaser, forcément, sans compter qu’elle ne compte visiblement pas dévoiler l’identité du père, ne permettant pas aux parents de se projeter dans un « retour à la normale », avec officialisation de la nouvelle à la clé.

« Chez eux, se souvient Johanna, une main au cul c’était un truc sympa, une façon d’apprécier la chose, de dire « t’as de l’avenir » – à mi-chemin entre une caresse et une tape sur la croupe d’une jument. »

Marion Brunet a pour habitude de disséquer l’adolescence dans ses romans. Des textes forts qui marquent, qui décrivent précisément les ressentis, arrivent à transmettre l’impalpable avec une justesse impressionnante. Ici, elle va plus loin en englobant tous les âges de la vie avec une galerie de personnages forts qu’elle bouscule fermement tout en gardant de l’empathie. Céline l’aguicheuse et Jo la singulière, les parents, les amis, les voisins, les collègues, leurs patrons. Elle creuse ainsi les chemins pris, choisis ou contraints d’une façon ou d’une autre, les histoires qui se répètent ou en tout cas réveillent les vieilles histoires, les postures qui changent, les parents qui se souviennent, les adolescents qui se projettent, les anciens qui contemplent, les phrases qui remuent, la résignation ou son refus, le jugement, la soif de liberté, la tentation de l’ailleurs, la découverte de soi.

Un roman social, dans ce qu’il décrit la société dans sa tonalité brute, avec les faiblesses humaines, les doutes, les torts, les erreurs, la méfiance, le sexisme ordinaire, le racisme de pas de porte, l’aigreur banale des choix devenus fades. Un roman noir, brûlant, bouillant même, le premier roman de l’auteure clairement estampillé « Littérature adulte », bien que ses précédents auraient pu tout autant y trouver leur place, au même titre que celui-ci pourrait très bien trainer dans des chambres de grand ados.

« Les choses qui ne bougent pas, ce serait presque rassurant parfois, rassurant comme une angoisse familière. »

L’été circulaire
Marion Brunet
Albin Michel
2018
265 pages

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