Lucky losers – Laurent Malot (Albin Michel)

Ambiance lutte des classes au lycée. Le lycée privée de Douardenez est parti en fumée, les élèves doivent rejoindre ceux du « public », au grand dam de tout le monde. Sean Kinsley nous raconte ça avec son flegme britannique.

Sean, c’est le gars sympa, le pote qu’on aimerait bien avoir, l’anglais dans toute sa splendeur. Il vit avec son père, peintre, pianiste et surtout chômeur depuis que sa femme a rejoint sa Bretagne natale avec valises et enfants, lorsqu’elle l’a surpris au lit avec un autre homme. Fraîchement débarqué de Londres, il regarde d’un air amusé le fossé qui sépare les élèves, jusqu’au jour où il tombe amoureux de la plus belle fille du monde (et accessoirement fille d’un grand ponte local). Et puis il y a ces trois fils de notables qui viennent les mettre au défi lui et ses potes en natation, aviron et équitation. A partir de là, fini la rigolade ou presque, il va falloir s’entraîner sec, d’autant que nos larrons sont loin d’être des bêtes de compét’, contrairement aux nobles gaillards d’en face. Quand s’ajoute le plan social local qui touche une grosse poignée de parents, il en faut peu pour que les luttes se rejoignent.

Laurent Malot a réussi le tour de force de restituer toute l’ambiance d’une bonne comédie sociale anglaise, tout l’art d’évoquer avec humour et suffisamment de finesse des sujets difficiles comme la crise, le chômage qui touche une ville, les différentes sociales. Les personnages sont bien campés, nuancés, crédibles, l’écriture fluide et sans fard. Alors on peut bien penser qu’il y va un peu fort, qu’il y a trop de choses, trop de circonstances, que c’est un poil exagéré, et c’est bien sûr le cas, c’est aussi ça le jeu de la fiction, en littérature comme au cinéma. L’essentiel est qu’on y croit, car c’est franchement bien fichu et on passe un sacré bon moment.

Lucky losers
Laurent Malot
Editions Albin Michel
collection Litt’
2016
304 pages

« – Tu vois, Kévin, avec les Anglais, c’est toujours le même problème : ils ne peuvent rien faire comme tout le monde. On ne comprend rien à leurs pounds, leurs feet, leurs smiles, aux règles du polo ou du cricket, ils font de la bouffe que personne ne peut avaler et ne veulent pas entendre parler de l’euro, mais ils restent persuadés d’avoir raison. C’est comme leur humour british ! Nous autres, bouseux de Bretagne, on parle d’absurde ou de dérision ; erreur, il y a des nuances qu’on est trop cons pour comprendre. »

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