Argentine. Fin des années 70. La dictature militaire sous Videla. Le processus de réorganisation nationale. Des milliers de prisonniers politiques et « disparus », torturés, mis à mort. Des enfants kidnappés et livrés à de nombreuses familles proches du pouvoir.
C’est dans cette histoire noire de l’Argentine que l’on plonge sans détour avec Mapuche.
Ruben Calderón est un enfant de disparu. Son père, Daniel Calderón, était un poète résistant, enlevé sans plus de réponses pour sa famille. Ruben lui aussi a fréquenté les geôles clandestines, à l’âge de 15 ans. Cuisiné, torturé, il a finalement été libéré, à la fois victime et preuve vivante des actes infligés par le pouvoir en place. Sa mère est ainsi devenue l’une des « folles » de la Place de Mai. Ces femmes qui se battent encore aujourd’hui pour retrouver ses enfants volés.
30 ans plus tard, Ruben garde plus que jamais les traces de sa séquestration. Il est maintenant détective et travaille avec ces grand-mères qui militent sans relâche.
Sur la demande d’un ami journaliste, il enquête sur la disparition de Maria Victoria Campallo, fille d’un gros bonnet argentin.
Ailleurs à Buenos Aires. Jana est Mapuche. Ces indiens nomades, chassés de leurs terres, fantômes voguant ici et là entre le Chili et l’Argentine. Jana a quitté sa communauté pour faire des études d’art. Elle s’est prostituée pour survivre, avant de s’établir sculptrice dans un repaire miteux.
L’un de ses amis, Miguel, alias Paula, est travesti. Il se prostitue en attendant des jours meilleurs où ils appartiendrait à une troupe de comédiens. Paula s’inquiète de la disparition de Luz, travesti lui aussi. Lorsque son cadavre est retrouvé mutilé dans le port de La Boca, devant l’inaction de la police locale, ils s’adressent à Ruben.
Ruben et Jana sont écorchés par la vie et par l’Histoire. Ils vont ensemble remuer ce lourd passé de l’Argentine, prêts à tout tellement ils n’ont rien à perdre, forts de leur colère qui les tient encore en vie, à défaut de « mourir ou devenir fou ».
Caryl Férey frappe encore une fois très fort. Un polar noir, historique et politique, où l’intrigue est prétexte à une documentation enragée, voire même militante.
Nous entrons en immersion dans un pays brûlant, aux paysages époustouflants, aux fins de journées arrosées de Pisco sour ( mélange de pisco, jus de citron et blanc d’oeuf).
Une histoire sombre et brutale, une histoire d’amour et de rage, « et des morts à la pelle ».
Une lecture que je ne saurais que trop vous recommander…
Pour en savoir un peu plus sur l’histoire de ce roman et la démarche de Caryl Férey, vous pouvez visionner sa venue au Bateau Livre à Lille : [CLIC]
(Challenge Thrillers et Polars #1)
Idem, accepté pour le challenge, je te laisse m’envoyer les liens.
Quand on commence la lecture de ce livre, on ne le lâche plus. C’est un polar dense, très bien écrit, plein de rebondissements !
Mais au-delà de l’intrigue policière, c’est l’histoire de l’Argentine, de ses disparus et ses enfants volés. C’est aussi l’histoire des Indiens Mapuche chassés de leurs terres, celle des Argentins terrorisés, alors que le pays organise le mondial de foot de 1978.