Nestor est obèse. Un gros père qui mange, pour se rassurer, se protéger, s’effacer, se sentir vivre, se punir peut être même, allez savoir. Tous les jours, il se rend à l’hôpital. Sa femme Mélina est dans le coma. Peut être va-t-elle bientôt rendre les armes. Alors Nestor se replonge dans les papiers, toutes ses « preuves » de leur existence. Leur histoire commune, leurs origines argentines, la dictature, l’exil, la rencontre, la reconstruction, le quotidien, les souvenirs, l’éloignement. Les carnets de Mélina, des lettres écrites, des envies, des regrets, de l’espoir, de la tristesse, de la colère.
Nestor est submergé, par la colère ou le doute, qu’importe, la nourriture est là. Il s’enfonce encore un peu plus dans la solitude et le repli.
Alice, médecin à l’hôpital, s’interroge sur ce couple si particulier, et s’aventure dans la vie de Nestor, et s’attache à cet homme si distant et particulier.
Cette rencontre aura bien sûr des conséquences, lesquelles, à vous de voir. L’auteure vous donne le choix.
En déroulant doucement les fils, Clara Dupont-Monod nous invite dans l’histoire de cet être en marge avec qui nous faisons véritablement connaissance. Une écriture lourde et délicate à la fois, un texte dans lequel on se blottit, où l’on apprécie chaque mot, chaque phrase, pour en saisir toute la subtilité.
C’est très fin, poétique, mais à la fois très violent et marquant.
Je n’ai pas vraiment l’habitude de lire ce genre de roman. Et ça a sans doute eu pour conséquence de m’envahir totalement. Un beau souvenir.
« Morceau par morceau, il effaça le spectacle. Il ne saccageait rien. Il terminait. Un repas, c’était la seule au monde dont il pouvait décider la fin. Ce qu’il préférait, c’était déglutir. Il y avait, bien sûr, la mise en bouche, ce moment où la matière rencontre la langue, et la mastication, cette douce destruction, et les saveurs libérées. Mais rien ne valait la sensation de chute au fond de la gorge. Combler, broyer, ingérer. La dernière étape signait la toute-puissance de Nestor. Chaque bouchée l’alourdissait un peu plus. Il imaginait parfois le sol craquer sous son poids et l’avaler. L’avaleur avalé, pensa-t-il, et il se resservit. »
Nestor rend les armes – de Clara Dupont-Monod. Editions Sabine Wespieser. 2011
Livre lu dans le cadre du challenge La rentrée littéraire des petits éditeurs, excellente et plaisante initiative du site Les Agents littéraires.
J’ai demandé celui-ci sur P…M… Je suis contente qu’il t’ait plu…
P…M… ? késako ? …
Qu’en as-tu pensé ?
(Pm, price minister)…Génial que ça t’aitplu, pareil pour moi comme tu l’as lu !!! Je trouve ton billet très bien écrit, spontané, et tu sais dire l’essentiel en peu de mots, bravo ! je trouve que tu as bien vu le côté violent de l’histoire, la distance de Nestor alors qu’Alice s’investit. Je mets un lien vers ton billet, très bonne soirée.