En 2000, Dariusz Janiszewski, modeste homme d’affaire, est retrouvé mort dans la rivière Woclaw, en Pologne. Sa disparition remonte à 4 semaines. Le corps retrouvé par des pêcheurs est ligoté, présente des traces de coups et de strangulation. L’enquête piétine par un manque d’indices évidents. L’affaire est classée sans suite au bout de 6 mois. La presse évoque « un crime parfait ».
Trois ans plus tard, le détective Jacek Wroblewski décide de reprendre le dossier, suivant l’idée que la clé réside dans les détails. Rapidement, une piste le mène à un certain Krystian Bala, personnage singulier et provocateur. Philosophe nietzschéen, l’homme est doté d’un goût prononcé pour les pistes brouillées, entre réalité et fiction, jouant avec les éléments et les mots. Amok, son roman, présente d’étranges similarités avec le meurtre de Janiszewski.
Bala est malin, Wroblewski est obstiné et le lecteur décontenancé.
David Grann a d’abord publié ce roman dans le New Yorker en, reprenant ce crime presque parfait, de cet homme à la vision nihiliste, jusqu’au boutiste et sans concession.
Un court roman qui pose question et que je recommande fortement !
« Le commissaire Wroblewski souligna plusieurs passages pendant qu’il étudiait Amok. A première vue, peu de détails du meurtre de Mary ressemblaient à l’assassinat de Janiszewski, l’élément le plus flagrant étant que la victime du roman est une femme, et une amie de longue date du meurtrier. En outre, bien que Mary ait une corde autour du cou, elle est poignardée, avec un couteau japonais, ce qui n’était pas le cas de Janiszewski. Un détail du livre, néanmoins, lui fit froid dans le dos. Après le meurtre, Chris dit : « Je vends le couteau sur un site d’enchères dur Internet. » Le rapprochement avec la vente du téléphone portable de Janiszewski sur Internet – un détail que la police n’avait jamais fait paraître au dossier – semblait trop extraordinaire pour qu’il s’agisse d’une coïncidence. »
Un crime parfait : un roman postmoderne / David Grann. Allia. 2009
Très bon billet concis ! Et qui a l’air original dans son concept, non ? Ton résumé m’a rappelé « enquête sur la disparition d’Emilie Brunet » où le soupçonné est très malin, l’enquêteur très obstiné (mais amnésique !) et où ils « échangent » sur leurs journaux de bord…Sur fond de romans ‘Agatha Christie !!!(oui, c’est plus simple qu’il n’y parait !)Je note ton livre,merci pour la découverte.
Ce livre a d’abord été publié dans un journal. En fait, il s’agit bien d’un fait divers d’actualité, mais le traitement est vraiment intéressant. Point d’ambiance à la rubrique de chiens écrasés, ici le récit n’est pas journalistique mais vraiment écrit comme un roman, un texte qui pose question.
Et puis à saluer aussi la démarche de la maison d’édition Allia, avec cette collection de roman à 3€ ! Les textes sont courts c’est vrai (80 pages pour celui-ci) mais d’une grande richesse !
Je note « Enquête sur la disparition d’Emilie Brunet ». Le titre me dit quelque chose mais je ne sais plus pourquoi ^^