Paris sous la canicule. Une drogue nouvelle génération circule dans les circuits funéraires. L’Orphée permet en effet aux consommateurs de revoir leurs morts, de discuter avec eux, terminer des discussions, éclaircir des non-dits, les serrer dans les bras. Une drogue qui dessèche sacrément aussi, à vous momifier sur place si vous ne buvez pas suffisamment au retour du trip. Le capitaine Caroline Beaulieu est chargée de l’enquête, pourvu que ses vieux démons lui lâchent un peu la grappe.
Adrien Pauchet signe un premier roman très enthousiasmant et franchement bluffant. Un polar au scénario taillé sur mesure, qui réussit le tour de force de tenir la longueur avec une intrigue où l’on en sait beaucoup sur les tenants et les aboutissants dès le départ. Nous sommes entre le policier d’action et le policier de société, avec des sujets tels que le clivage des populations Paris / cités, le rapport à la mort, aux morts, le travail de deuil. Le tout est légèrement teinté de fantastique, on sent d’ailleurs que l’auteur pourrait y basculer davantage dans le cas d’une suite, mais dans ce roman, l’explication reste plausible, même si elle n’est pas réaliste, on y croit, l’illusion fonctionne. On pourrait d’ailleurs presque y trouver un petit côté Franck Thilliez, dans le rythme et l’approche scientifique improbable qui se tient (même si ici, le postulat fantastique est assumé).
Adrien Pauchet réalise des films publicitaires pour le web. Dans cet esprit, Pills nation se destinait au départ à devenir une web série, avant de se révéler finalement en tant que roman, ce qui explique sans doute aussi sa construction, très rythmée et cinématographique.
Un roman qui pointe les déraillements de notre société (et qui donne soif). Encore une bonne découverte des Forges de Vulcain. A ne pas laisser filer.
Pills nation
Adrien Pauchet
Avec la contribution de François Szabowski
et Hugues Girard
Editions Aux Forges de Vulcain
Paru en 2017
333 pages