Trouver un moyen de réunir dans un même roman un crime non identifié en Islande et des soirées costumées-poudrées en plein Paris en souvenir de Robespierre. C’est le challenge que relève brillamment Fred Vargas dans son dernier roman, en revenant décidément très en forme 4 ans après L’armée furieuse.
Et l’on renoue avec un plaisir non dissimulé avec l’équipe si caractéristique développée au fil des précédents romans. Un commissaire Adamsberg toujours aussi lunaire avec sa manière bien personnelle d’aborder les enquêtes, Danglard et son goût sans secret pour les saveurs éthyliques, Rétancourt et ses largeurs rassurantes, et les autres bien sûr, toutes ses figures attachantes et décalées que l’on retrouve comme de vieilles connaissances après une longue absence.
Une femme qui se présente au 36 car elle passe devant tous les matins et qu’une affaire la turlupine. Une histoire de courrier envoyé et qui n’aurait peut-être pas dû l’être. Dès lors, les dés sont jetés, les morts font leur entrée et les secrets de famille se craquèlent, conduisant la flegmatique équipe dans les brumes d’Islande et sur les pas des fondus de Robespierre qui rejouent l’histoire plus vraie que nature. Le grand écart n’était pas évident et le claquage risqué.
A la manière de son commissaire Adamsberg, on peut se figurer Fred Vargas tourner en rond, griffonner, tourner et retourner les situations, laisser de côté les éléments pour y revenir plus tard. Je l’imagine écrire beaucoup, puis faire le tri, décortiquer, pour que chaque chose ait sa juste place. Et c’est justement ce qui est très appréciable avec les romans de Fred Vargas, c’est leur construction, leur finesse dans le détail. Fred Vargas est historienne, et au-delà de la fantaisie et des digressions, le propos est fouillé, documenté. Nous retrouvons la teinte de Pars vite et reviens tard. L’Histoire fortement mêlée à l’intrigue sans pour autant afficher les couleurs du roman historique, de l’humour et un décalage assumé pour un roman qui se lit avec délectation. Installez-vous confortablement et faites-vous plaisir.
Temps glaciaires / Fred Vargas. Flammarion. 2015
Je n’ai jamais lu de Fred Vargas, sans doute un tort…
Tous sont sympas à lire mais ne se valent pas forcément. Commence par Pars vite et reviens tard peut-être ?
Je ne peux que te conseiller de lire Vargas (en ce qui me concerne, c’est relire et re relire même…) ! Personnages attachants, intrigue originale mêlant mystères et Histoire, humour, regard à la fois lunaire et vif, intelligent sur la vie et les êtres humains… Un délice pour moi ! Je conseille de commencer par L’homme aux cercles bleus, le premier de la série Adamsberg, ou encore Debout les morts, avec pour enquêteurs improvisés trois jeunes historiens dans la merde et un vieux ripou, en colocation dans une baraque pourrie, du bonheur !