Ubu roi – Alfred Jarry

Ce mois-ci, dans le cadre du retour aux classiques avec Moka et Fanny, on cause théâtre. Et suite à la visite de l’excellente exposition de William Kentridge au Musée d’Art Contemporain de Villeneuve d’Ascq (à visiter jusqu’en décembre 2020), je me suis retrouvée avec Ubu roi dans les mains. Le timing était trop beau.

Ubu roi donc, pièce à l’histoire mouvementée, écrite par des lycéens, notamment les frères Morin, dans les années 1880 par potacherie envers un prof de physique. Alfred Jarry va rencontrer les Morin en 1888, qui ont écrit moult scènes et sketches. Jarry va participer à leur mise en scène, aux représentations et progressivement se les attribuer, les remaniant à sa sauce. Et c’est finalement ce qui fait le sel de cette pièce, son histoire, ses évolutions, ses lectures. Et la préface ainsi que les notes replacent bien le contexte, à la fois dans l’époque, et dans son exutoire originel, envers un enseignant en proie au chahut généralisé. 

« MÈRE UBU : Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
PÈRE UBU : Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
MÈRE UBU : Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
PÈRE UBU : Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
MÈRE UBU : A ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues.
PÈRE UBU : Si j’étais roi, je me ferais construire une grande capeline comme celle que j’avais en Aragon et que ces gredins d’Espagnols m’ont impudemment volée. »

Ubu roi relate la conquête du terrain par le Père Ubu, en despote primaire qui frise régulièrement le ridicule mais ne s’en émeut pas plus que ça. Un texte avec du tyran, de la cruauté et de l’humour, ou comment la soif de pouvoir tourne au vinaigre, avec un sens de l’absurde pas piqué des hannetons. Pour tout dire, je l’ai lu avec en tête la musique du générique de la série Kaamelott, ça en dit long… 🙂

Ubu (que l’on retrouve aussi dans Ubu cocu, Ubu enchaîné, Ubu sur la butte) a inspiré de nombreux artistes, cinéastes et écrivains, et l’on reconnaît rapidement quelques éléments familiers. J’ai ainsi (enfin) compris pas mal de références, et même trouvé l’origine du nom d’une certaine Cornebidouille ! Comme quoi…

Ubu roi
Alfred Jarry
publié initialement en 1896
disponible en poche chez pas mal d’éditeurs
et en numérique libre ici

 

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Prochain rdv fin juillet avec du pavé russe…
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3 commentaires sur “Ubu roi – Alfred Jarry”

  1. Ta chronique m’apprend la genèse de l’œuvre que j’ignorais totalement. En dehors du fameux « Merdre » et de quelques passages ou illustrations du Père Ubu, j’avoue méconnaitre totalement ce texte.

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