Les classiques adaptés en films ou en bande-dessinée ce mois-ci pour le retour aux classiques impulsé par Moka et Fanny depuis plus d’un an. Je ne devais en présenter qu’un, Le Tour d’écrou de Henry James, en début de semaine et j’ai finalement succombé à ce magnifique pavé graphique qui attendait sagement son tour sur la pile depuis quelques mois, la faute à mes comparses de challenge qui ont si bien célébré ce Steinbeck que j’aime tant 😉 .
Faut-il encore présenter Des souris et des hommes ? Dans ce court roman qui pose les jalons des Raisins de la colère, John Steinbeck mettait déjà le paquet, avec ce duo improbable et bouleversant, entre Lennie Small le simple d’esprit à la corpulence massive impressionnante, le coeur sur la main et la main aussi tendre que dévastatrice, et George Milton, à la carrure plus resserrée, comme asséchée par la discrétion, la prudence et l’inquiétude, un type débrouillard qui fait figure d’autorité pour son acolyte.
Les deux hommes tracent la route ensemble en quête de boulots dans une ferme ici ou là dans la Californie des années 30. Ils filent quand ça se gâte, rêvant du jour où ils auront leur petit bout de terrain sans rien devoir à personne. Mais la tragédie n’est-elle pas déjà en marche ?
Dans ce court roman, Steinbeck décrit l’Amérique de La Grande Dépression, les espoirs entretenus, la cruauté qui pend au nez, les confrontations sociales, les espoirs crevés. Une oeuvre puissante que l’artiste Rébecca Dautremer a entrepris de mettre en image en 2019. Un travail de titan dans lequel elle croise les styles et les univers, empruntant à l’imagerie des années 30 les tonalités et la patine. Chaque page est scrupuleusement remplie, s’attachant aux atmosphères délivrées par le maître, entre portraits pudiques, scènes théâtralisées, rêveries, mouvements introspectifs, pages de pub et tableaux foisonnants.
Alors le roman de Steinbeck se suffit déjà bien à lui-même, mais Rébecca Dautremer s’est coulée admirablement dans ce chef d’oeuvre de la littérature américaine, qu’elle magnifie sans dénaturer. Signalons au passage très beau travail d’édition avec une maquette aux petits oignons pour ce joli pavé, épais roman graphique à la tranche bleue qui reprend l’intégralité du roman, dans sa traduction de 1955.
Je ne suis habituellement pas spécialement fan du trait de l’artiste. Je suis admirative et impressionnée mais pas tellement emportée par ses univers. Ici, la magie a totalement opéré et j’ai été ravie de replonger dans ce classique que j’aime tant, déjà lu et relu plusieurs fois (ce que je pratique pourtant très peu) et vu au théâtre il y a quelques années. Plusieurs fois adapté au cinéma je n’ai pourtant jamais osé m’y frotter, si vous avez une version à recommander je suis preneuse !
Des souris et des hommes
John Steinbeck
mis en images par Rébecca Dautremer
traduction Maurice-Edgar Coindreau
Editions Tishina
2020
428 pages
Retrouvez les autres rdv adaptés par ici.
Prochain rdv fin septembre autour des classiques autobiographiques…
Si vous souhaitez en savoir plus, voire même rejoindre (régulièrement ou ponctuellement) l’équipée, c’est par là.
Contrairement à toi, je suis une fan absolue de Rebecca Dautremer et ici le niveau de fanattitude a crevé le plafond.
je viens de le lire, ayant adoré le roman de Steinbeck et appréciant beaucoup son univers graphique. un travail absolument remarquable.
J’ai découvert le roman ce mois-ci et découvrir cette adaptation est clairement au programme à présent tant elle a l’air génial ! Merci de cette mise en lumière !
Pour le coup c’est l’inverse, je suis habituellement réceptive à son univers mais cette fois, il ne collait pas aux images que j’avais posées sur le roman. Un roman que comme toi je n’ai pas lu qu’un fois 😉 Je garde aussi un merveilleux souvenir du film avec John Malkovich et Gary Sinise.