Le bal des porcs – Arpád Soltész (Agullo)

Polar slovaque musclé qui passe au crible jeux de pouvoir et magouilles politiques en tout genre.

Dans un coin paumé de Slovaquie, une jeune toxicomane est retrouvée morte. Pas inattendu en soi sauf si l’on se penche sur les disparitions qui s’accumulent au sein d’un centre de désintoxication, géré par un couple pourri jusqu’au trognon, qui entre leurs perversions annihilantes respectives et l’appât de gros gains, sont prêts à pas mal de choses, notamment permettre à de gros bonnets de la politique et de la mafia de passer du bon temps à des pratiques peu avouables hors des clous. Mais tout fini par se savoir, un peu, puis par se creuser, et par se payer, surtout dans ces milieux véreux qui ne jurent que par la contrainte, les jeux de pression et les gros calibres.

« Pouvoir, argent et sexe. Drogue et alcool. une poignée d’hommes qui se croient tout-puissants. Et un maître-chanteur qui les tient par les couilles. »

La citation ne pouvait pas sonner plus juste et résonne comme un cri du coeur pour Arpád Soltész qui dépeint son pays de façon très tendue, en réaction à l’assassinat du journaliste Ján Kuciak et de sa compagne le 21 février 2018 dans leur résidence près de Bratislava. Le journaliste s’apprêtait à publier un rapport sur les liens présumés entre la politique slovaque et la mafia italienne pour le site Aktuality.sk et autres fraudes.

« Le Chauve part en vrille. D’un côté, il comprend Président. Le type vient d’avoir la cinquantaine et il a le sentiment qu’il ne lui reste qu’environ trois bouteilles de cognac, deux derniers rails de coke et une seule bonne érection. Il veut en profiter à plein, car demain peut-être finira le deuxième printemps et arrivera le premier infarctus. Mais il doit lui tenir la bride. Il insiste. »

L’auteur est également journaliste et les jeux de pouvoirs en prennent pour leur grade, avec la férocité qui les caractérise. Un récit dense, agité et sec, auquel il faut parfois un peu s’accrocher, avec tous les protagonistes qui se croisent, désignés par des surnoms bien sentis – Moineau, Marron, Casse-Dalle, Valent le Barge, Paire-de-Baffes… – et les magouilles, crasses et pas chassés qui défilent avec un panache abject.
Un excellent polar édifiant, railleur et trépidant, encore une belle trouvaille de la maison Agullo.

« Bon, viens, le jeune, on va acheter des pelles, parce que j’ai complètement usé les vieilles. »

Le bal des porcs
Arpád Soltész
traduit du slovaque par Barbara Faure
Agullo
2020
391 pages

2 commentaires sur “Le bal des porcs – Arpád Soltész (Agullo)”

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