Le Chancellor – Jules Verne

Ce mois-ci pour ce retour aux classiques impulsé par Moka et Fanny, place à l’oeuvre de Jules Verne.

Ce thème relevait un peu du défi pour ma part puisque je ne suis pas de nature à être très emballée par Jules Verne… Un rendez-vous manqué devant Le Château des Carpathes à l’adolescence, un autre plus probant il y a quelques années avec Les Indes noires, sans pour autant laisser poindre l’envie de me plonger Vingts Mille Lieues sous les mers

L’univers maritime sera pour autant à l’honneur avec Le Chancellor avec lequel l’auteur s’empare du naufrage de La Méduse survenu en 1816. Nous entrons dans le roman par le journal du passager J.R. Kazallon qui s’attache à décrire progressivement le voyage, les mésaventures successives puis le naufrage du navire anglais et leur embarcation à bord du radeau.

« La situation est-elle donc désespérée ? ai-je alors demandé.
La situation, la voici, répond froidement Robert Kurtis. Nous sommes attachés à un fourneau de mine, et la mèche est allumée ! Reste à savoir si cette mèche est longue !
Puis il se retire. »

Le pitch est simple, alors que Le Chancellor doit transporter des balles de coton entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, de nombreuses embûches les cernent, entre un capitaine délirant, le feu dans la cale et des démêlés à mer basse qui conduiront les passagers à trouver refuge sur un radeau, la pression montant encore d’un cran entre leur posture dramatique, la soif qui les taraude, les requins qui les narguent et la faim qui les fait loucher sur le voisin.

« Nous sommes condamnés à l’inaction, et il est des circonstances où il faut avoir le courage de ne rien faire. »

Un huis clos sombre et prenant en pleine mer dans lequel Jules Verne fouille ses personnages, équipages et passagers, et les pousse dans leurs retranchements, qu’ils se dépassent courageusement ou se nichent dans l’égoïsme. Trois mois sans répit au fil des flots, tant en matière de navigation que de vie en communauté, entre complots et éclairs de lucidité, coups de sang et folie aux aguets. Une errance maritime qui s’éternise et par laquelle l’écrivain s’intéresse à l’ambivalence des sentiments qui s’exacerbent avec l’instinct de survie. 

La survie en mode dix-neuvième siècle donc, avec ses moeurs et regards d’époque. Un style d’écriture un peu longuet par moment mais qui reste prenant, et un ensemble assez étonnant, entre roman épistolaire, roman d’aventure, réflexions philosophiques et anthropophagie.

J’ai toujours été fascinée par le tableau Le Radeau de la Méduse de Géricault, ainsi que sa représentation au cimetière du Père Lachaise, et cette plongée dans ce qu’ont pu vivre les naufragés à l’époque par le biais de ce roman fait assez froid dans le dos. Je ne pouvais pas mieux tomber pour rempiler avec Jules Verne, qui me reverra peut-être fureter dans sa bibliographie, comme quoi.

« La proposition a été faite. Tous l’ont entendue, et tous l’ont comprise. Depuis quelques jours, c’était devenu une idée fixe, que personne n’osait formuler. On va tirer au sort. »

Le Chancellor
Jules Verne
Points
2003

paru initialement en 1874
234 pages

 

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Prochain rdv fin juillet autour de la méditerranée…
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9 commentaires sur “Le Chancellor – Jules Verne”

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