Une petite battle George Sand vs Colette ce mois-ci pour le retour aux classiques toujours vaillamment impulsé par Moka et Fanny. J’aurais aimé lire les deux autrices ce mois-ci mais le temps tout ça…
Ça faisait un moment que je comptais relire Sand, avec des souvenirs forts lointains mais non moins forts de La Petite Fadette ou de La Mare au Diable, enfin forts, un peu éteints quand même, mais je garde le souvenir d’un vrai plaisir de lecture. En souvenir de la visite de la maison de George Sand à Nohant l’été dernier, j’avais rapporté ce conte, Le château de Pictordu, écrit par l’autrice pour sa petite-fille, publié initialement sous forme de feuilleton en 1873, dans l’idée de le lire avec ma fille. Je l’ai finalement lu en solo et c’était je pense pas plus mal.
« Reste à savoir où sont ces êtres, dits surnaturels, les génies et les fées ; d’où ils viennent et où ils vont, quel empire ils exercent sur nous et où ils nous conduisent. Beaucoup de grandes personnes ne le savent pas bien, et c’est pourquoi je veux leur faire lire les histoires que je te raconte en t’endormant. »
Le surnaturel plane dans l’ombre de la petite Diane, en route avec son père pour rejoindre leur domicile qu’il occupe avec sa nouvelle épouse après le décès de sa première femme. En route, ils sont contraints de s’arrêter dormir au château de Pictordu, lieu abandonné et en ruine dans laquelle la fillette dit avoir rencontré une femme, élucubrations fantomatiques qui n’émeuvent pas plus le père que ça mais marquent profondément la petite qui gardera un lien très fort avec cette rencontre.
« On me dit que quand j’ai la fièvre, je déraisonne un peu. Je ne l’avais pas cette nuit, je voyais les choses telles qu’elles doivent être. Je ne me sens pourtant pas malade, mais la fée me l’a dit, on ne peut voir son château que quand elle le permet, et je dois me contenter de le voir tel qu’elle me le montre en ce moment. »
Le récit de George Sand est assez précieux, les Flochardet sont maniérés, affectée de la bourgeoisie à laquelle ils aspirent. Sand y intègre des figures assez stéréotypées, la belle-mère égoïste et cupide, le père bien gentil à en devenir benêt, la fille adorablement calme, mais ajoute une pointe d’audace en glissant quelques réflexions sur la condition féminine de l’époque et rabotant les attentes que la société d’alors envisage à cet égard. L’ensemble reste tout de même très moral, pas désagréable mais pas transcendant non plus. Pour autant, la préface donne une dimension intéressante au texte, rappelant l’aversion de George Sand pour le surnaturel en même temps que son attachement au pouvoir de l’imagination, tissant ainsi une intéressante passerelle onirique entre les deux.
« On ne sait pas assez le tort que l’on fait aux enfants en se moquant de leurs inclinaisons, et le mal qu’on peut leur faire en refoulant leurs facultés. »
Le château de Pictordu
George Sand
Folio
121 pages
parution initiale 1873
Retrouvez les autres titres ici ou là.
Prochain rdv fin juillet pour les classiques afro-américains.
Si vous souhaitez en savoir plus, voire même rejoindre (régulièrement ou ponctuellement) l’équipée, c’est par là !
Je n’avais pas connaissance de l’existence de ce titre de Sand !
Moi non plus… surprise des librairies de vacances 🙂
Je pense que je pourrai me passer de ce titre 😀
Je pense aussi
Je n’ai même jamais entendu ce titre ! ça a un peu vieilli (mal vieilli) quoi…
Un titre méconnu pour moi aussi, mais tu ne donnes pas forcément envie de le découvrir 🙂
Je relirai plutôt La petite Fadette ou La mare au Diable..
« L’ensemble reste tout de même très moral, pas désagréable mais pas transcendant non plus. » Voilà qui aurait pu être ma conclusion pour les lectures de La Mare au diable et La petite Fadette ! Sans avoir lu ce titre (sans même en connaître l’existence avant de te lire), je comprends ton ressenti et je vais pouvoir passer mon tour !
Excellent c’est très bien résume je n’aurai pas dit mieux ! par ailleurs, j’adore la citation suivante: « On ne sait pas assez le tort que l’on fait aux enfants en se moquant de leurs inclinaisons, et le mal qu’on peut leur faire en refoulant leurs facultés » vraiment très pertinente.