Quinzinzinzili – Régis Messac

4eme saison pour le retour aux classiques chaleureusement impulsé par Moka et Fanny aux côtés d’une troupe qui se fortifie au fil des rendez-vous. Pour ce premier rendez-vous de cette nouvelle saison, une consigne simple mais pas si simple, choisir un titre en seul mot. Régis Messac ne pouvait pas mieux tomber avec son énigmatique Quinzinzinzili.

« Moi, moi… Je ne sais plus. Je ne sais plus qui je suis. Ni si je suis.
Oh, et puis…
Qu’est-ce que ça peut me faire ?
M’en fous, Quinzinzinzili !
Quinzinzinzili ! »

C’est Gérard Dumaurier qui nous adresse la parole dans ce livre. Rescapé d’une catastrophe surgie de la seconde guerre mondiale avec une poignée d’enfants, il témoigne a posteriori du déclin de la civilisation.

« C’est fait. Ç’a été si vite fait qu’à peine avons-nous eu le temps de comprendre. Ah ! ils vont bien les nouveaux hommes. Tout est simplifié. Ils n’ont pas besoin de cinq actes pour leurs tragédies. L’amour, la haine, la jalousie, la vengeance et l’assassinat final, tout est concentré, condensé en moins de temps qu’il n’en fallait, à la Comédie-Française, pour déclamer quelques douzaines d’alexandrins. »

Régis Messac a publié ce livre en 1935 et pourrait presque passer pour un visionnaire avec ses histoires de conflit mondial nourrit des braises de 14-18 et de gaz hilarant mortel inventé par les japonais mais finalement utilisé par des allemands qui n’ont pas assez réfléchit aux conséquences. Bilan, l’apocalypse et l’humanité détruite, à l’exception d’une poignée de survivants, dont notre narrateur, Gérard Dumaurier, parti avec une quelques enfants qu’il instruisait à l’assaut des grottes de Lozère. Il va consigner au fil des jours ce qu’il constate, la quête de nourriture et d’eau, les pouvoirs qui s’instaurent, le langage qui mute. Son regard est acide, son humour très noir et son ton très féroce. L’auteur joue brillamment avec ce personnage franchement antipathique, misogyne et pédant, en le faisant assister à sa propre chute.

« Ah, ah, ah ! C’est vraiment drôle ! J’allais écrire le mot de civilisation pour définir la vie de ce petit groupe d’humains qui représente sans doute, à l’heure actuelle, toute l’humanité. Cette poignée de galopins, ignares, ahuris, vicieux, superstitieux et peureux ! Ça, une civilisation ? Non, j’aime mieux croire que je suis fou. »

Un roman d’anticipation donc, tirant sur le roman noir, une dystopie écrite dans les années 30 qui n’a pas pris une ride. Un texte impressionnant par un auteur au parcours étonnant et à la bibliographie qui chatouille ma curiosité.

« Un état qui ne vaut pas mieux que les autres. Mais pas moins, au bout du compte. La bêtise humaine est toujours égale à elle-même. N’est-ce pas la bêtise suprême des hauts personnages de l’ancien monde qui a amené la catastrophe qui a produit le nouveau ? »

Quinzinzinzili
Régis Messac
Editions de La Table Ronde (La petite vermillon)
2017
180 pages
première parution 1935

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Prochain rdv fin juin pour la première battle de la saison : Colette vs Sand
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7 commentaires sur “Quinzinzinzili – Régis Messac”

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