L’histoire d’une femme, 25-30 ans, peut-être un peu plus, des relations qu’elle tisse, fantasme, ou fuit. Anna Dubosc décrit ses tâtonnements, ses questionnements, ses errements. On pourrait qualifier cette jeune femme de cœur d’artichaut, devenue ainsi par l’insatisfaction qu’elle ressent dans son propre couple, dans sa propre histoire. Et pourtant, elle ne se résout pas à se séparer de son compagnon, s’installe avec, malgré ses doutes, et imagine ce qu’elle pourrait vivre avec d’autres hommes. Des fantasmes qui s’apparentent à des sorties de secours, des possibles palpables, jusqu’à ce que ses désirs prennent forme, sans pour autant s’avérer satisfaisants.
L’histoire d’une femme, Clea, qui ne sait pas bien ce qu’elle veut finalement, qui n’ose pas s’en aller, sans doute par peur d’être seule, un malaise encore répandu malgré l’émancipation glorifiée, à moins qu’il ne s’agisse du revers de l’individualisme forcené. C’est peut-être cela qu’à voulu décrire Anna Dubosc, cet inconfort persistant. Car je ne l’ai pas tellement lu, le désir féminin annoncé, dans ce roman. J’y ai trouvé plutôt de la dépendance, de la solitude, et la quête, de soi, de l’autre. Je suis à l’évidence passée à côté de ce roman, avec cette impression de lire un journal intime écrit sur le vif… Au plaisir d’en discuter…
« Il est rentré, il vient d’arriver chez lui. Il m’a envoyé un message du train, puis une photo de notre bureau de tabac. Je suis dans tous mes états. Dire qu’il est là, à cinq cents mètres, qu’on respire à nouveau le même air. Je le bombarde de textos. Il répond à un SMS sur trois, puis il me fait comprendre qu’il est occupé. La claque. Il doit être avec son amie. C’est fou, je n’ai pas pensé un instant qu’ils étaient partis ensemble. Pourtant c’est évident. Il a une vie, comme moi. Une vraie vie où il chie et où il prend des vacances avec sa copine. L’histoire, c’est eux. Moi, je ne fais que graviter. »
Nuit synthétique
Anna Dubosc
Editions Rue des Promenades
2018
170 pages
