Absurderie, culs-de-jatte et causticité dans une pièce qui vaut son pesant de cacahuètes.
Une Bonne dame cul-de-jatte revêche, organise une fête d’anniversaire pour son tout récent époux, choisi à l’hospice. Les choses sont loin d’être simples entre changements d’avis intempestifs, insatisfaction permanente et humeur massacrante, et ce n’est certainement pas sa dame de compagnie qui dira le contraire, d’une patience absolue qui n’en pense pas moins. La fête sera millimétrée, battra son plein et tournera au vinaigre, avec des situations où tout est possible et où le grotesque flirte avec le sarcasme et le jubilatoire.
« Du reste hier vous m’avez une fois de plus donné une pièce de théâtre où apparaît un homme qui n’a plus de jambes
Vous mettez ces derniers temps une prédilection particulière à me donner une littérature
où des infirmes jouent un rôle
infâme
mais je vous pardonne
nous nous pardonnons
Parce qu’en fait vous n’êtes pas malveillante
vous êtes malfaisante
pas malveillante
c’est cette petite différence dans les dernières syllabes
qui vous fait chaque fois redevenir supportable pour moi »
Une écriture dentelée, répétitive, obsédante, et un sens du tragi-comique à toute épreuve dans cette première pièce, crée en 1970, par celui qui fit tant grincer des dents. Et pour cause, marqué très tôt par le totalitarisme nazi et par la maladie, il a su mettre son acidité vis-à-vis de l’humain au service de textes féroces qui évoquent le pouvoir, l’hypocrisie et la mort, avec ici un final aux petits oignons, cruel à souhait.
Le théâtre était le mois dernier au coeur du challenge de Moka et Fanny qui nous invitent à nous remettre aux classiques. Si vous êtes d’humeur théâtrale, allez donc jetez un oeil par ici.
Une fête pour Boris
Thomas Bernhard
traduction Claude Porcell
L’Arche
1996
92 pages