Un kidnapping qui tourne au vinaigre, des mafieux qui cherchent à arrondir les angles, des flics qui n’ont pas pour habitude de faire dans la dentelle, de la corruption à tous les étages, c’est tout le jus de ce polar musclé bien noir mais non dénué d’humour qui dépeint la Slovaquie des années 90 dans toute sa jovialité.
« Le type qui crie, c’est seulement un pauvre type qui ne contrôle pas la situation. Si tu élèves la voix, tu as perdu. »
Arpàd Soltesz est journaliste d’investigation spécialisé sur la mafia et le crime organisé, il est donc bien placé pour nous balancer quelques histoires sordides sans sourciller, tout en s’attachant à dépeindre les Balkans avec ironie et panache.
« Ils savent que vous n’avez rien. Demain, je le leur annoncerai comme une grande nouvelle. Je suis jeune et bête, mais terriblement loyal.
En partant, il laisse sur la table une mince bande de papier avec le numéro de l’immeuble et le nom. Kovác les mémorise et brûle le papier dans le cendrier. Il jette les mégots à la poubelle un par un et verse la cendre dans les W-C en tirant la chasse. La vie lui a appris qu’il vaut mieux finir paranoïaque en psychiatrie qu’en réa avec un oedème au cerveau. »
Ambiance chute du communisme et capitalisme sauvage à la clé donc, les identités qui se chevauchent, policiers, juges, avocats, mafieux, tsiganes, tout le monde est dans le même panier, tentant de tirer son épingle du jeu, quitte à ce que ça gicle un peu au passage.
Et dans tout ce foutoir, Veronika, la kidnappée qui a échappé de justesse à la visite du Kosovo par son réseau de prostitution, est ferrée par un désir de vengeance dont certains devraient se méfier.
« Celui qui veut te faire du mal ne prévient pas. S’il a le pouvoir de blesser, il ne fait pas de menaces. Quand tu mets quelqu’un en danger et qu’il ne se met même pas en rogne, c’est là que ça devient inquiétant. »
Il était une fois dans l’Est, titre parfait pour ce western urbain qui n’a clairement pas vocation touristique. Un polar très bien ficelé à la noirceur absolue, un peu foutraque au départ, le temps de repérer qui est qui, pour ne plus lever la tête ensuite ! Un must dans le genre ! 🖤
« Une partie de cette histoire s’est vraiment produite, mais d’une autre manière. Les personnages sont fictifs. Si vous vous êtes tout de même reconnu dans l’un d’eux, soyez raisonnable et ne l’avouez pas. Les gens n’ont pas à savoir quel salopard vous êtes. »
Du même auteur sur ce blog – Le Bal des porcs
Il était une fois dans l’Est
Arpàd Soltész
Traduit du slovaque par Barbara Faure
Editions Agullo
2019
370 pages
Pas sûre d’être bon public pour ce titre-là !
Pas certaine effectivement 😉