Trinquer, faire le bilan et voir venir

La photo n’est certes pas très représentative de la réalité – nous ne sommes pas si nombreux à rédiger sur ce site, nous ne sommes pas vraiment habillés comme ça, et il ne fait pas encore suffisamment beau pour prendre l’apéro dehors – mais tout prétexte est bon à prendre pour trinquer, un fantôme qui s’invite, une nouvelle année qui s’installe, un bilan à dresser…

Alors cette année d’abord, je vous la souhaite folle et trépidante, ce sera toujours ça de gagné, et pour ce qui nous occupe ici, que cette année soit toujours plus riche en découvertes et instants littéraires palpitants.

2022 fut une intense année de lecture, à tel point que j’ai presque arrêté de compter, de consigner, et je crois même que j’ai rarement aussi peu écrit ici que cette année. Pour 2023, point de projection donc, trinquons juste et nous verrons bien. 

En attendant, petit retour sur les lectures qui ont particulièrement marqué cette année passée.

Des éditeurs indépendants d’abord avec deux gros coups de coeur, Mars Violet, dans lequel l’autrice revient sur cette nuit du basculement en 1989 à Bucarest, une virée punk dans la Roumanie des années 80 à aujourd’hui, un texte incandescent sur la manière dont se construit une jeunesse dans ce contexte, et Portraits détaillés, un texte qui en dit si long sur les relations humaines, de corps, de sexe et d’amour (mais comment ai-je pu ne pas parler de ces livres ici ?!?), et deux autres romans marquants, Ultramarins, un roman étonnant, temps suspendu tout en tensions, et Kukum, très beau texte de littérature innue.

Ensuite cette année, j’attendais de pied ferme ces trois-là et ça a encore été des moments de lecture importants. Valentine Imhof qui dépeint l’Amérique des années 30 à travers quatre voix et une puissance incroyable, Guadalupe Nettel qui décidément trouve toujours le juste biais, ici autour de la question de la maternité, avec une belle trempe et une solidarité lumineuse, et Lola Lafon qui ne cessera de m’impressionner par sa capacité à faire retentir les événements. 

Trois romans noirs assez différents ont tiré leur épingle du jeu, avec Donald Ray Pollock et sa plume saisissante, qui n’a pas son pareil pour raconter la noirceur humaine, ici avec plusieurs figures  qui ont saisi la tentation du pire comme une échappatoire, Sandrine Collette et sa rudesse qui vous met les foies, et Mark Haskell Smith avec sa distrayante et juteuse course-poursuite dans les Caraïbes.

Le retour aux classiques, toujours, depuis 3 saisons, avec cette année encore de grands plaisirs aussi attendus qu’inattendus, et pour ce bilan je ne résiste pas à l’envie de voir se côtoyer ce gros dégueulasse de Bukowski que j’étais contente de retrouver et Marguerite Yourcenar avec ce texte sublime.

Et enfin une pile BD que je ne saurais que trop vous recommander d’aller feuilleter. Fourmies la rouge, où l’histoire d’une grève sanglante le 1er mai 1891, Goodbye Ceausescu, virée punk en Roumanie qui fait écho au roman Mars Violet dont je parlais plus haut, Sangoma, excellent cru BD de Caryl Férey entre social, politique et historique en Afrique du Sud, Ni web ni master, à lire pour méditer sur notre ère technologique et sa course à la dématérialisation et la déshumanisation des rapports, Nettoyage à sec, juste époustouflant, Koko n’aime pas le capitalisme, juste parfaite, Colorado train (ça fait deux Alex W. Inker mais ce n’est même pas du fayotage) impeccable pour les amateurs d’ambiances à la Stephen King, et Caboche, le petit nouveau de chez Sonatine qui décidément fait de très belles trouvailles.

Pas de plan pour 2023, sauf celui peut-être de tenter de procrastiner un peu moins (sinon par ici c’est un peu plus vif)… nous verrons cela dans un an… d’ici là, à la vôtre, à vos lectures, et au plaisir de vous lire.

2 commentaires sur “Trinquer, faire le bilan et voir venir”

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