Incroyable ! / Zabus & Hippolyte (Dargaud)

Touchante et étonnante histoire, d’un môme renfermé sur lui-même et bourré de toc, passionné par tout ce qui lui passe par l’esprit, à la curiosité si aiguisée qu’il la mue en fiches dans sa chambre aux allures de temple encyclopédique. Une BD surprenante entre poésie, quête, fable et drame.

Malaurie, l’appel de Thulé – Malaurie, Makyo, Bihel (Delcourt)

En 1950, le géographe Jean Malaurie fauchait les terres arctiques pour des relevés. Une première expédition d’une année durant laquelle il se retrouvera face à lui-même, remettant en perspective tous ses fondements. Un voyage déterminant pour la suite puisqu’il se spécialisera sur les territoires du Grand Nord, du Groenland à la Sibérie, se fondant progressivement dans les moeurs inuits. Un témoignage passionnant qui résonne encore étrangement avec les questionnements actuels.

L’attaque du Calcutta-Darjeeling – Abir Mukherjee (Gallimard)

Polar indien moite et passionnant qui nous propulse sans tergiversation à Calcutta en 1919. Une sorte de Ian Rankin à l’indienne où l’on se frotte à la fois au contexte social, aux politiques véreux, au colonialisme forcené et aux fumeries d’opium. Du polar historique sans en avoir l’air, très immersif et efficace, à découvrir sans tarder !

Pilules bleues – Frederik Peeters (Atrabile)

Très touchante BD dans laquelle Frederik Peeters revient sur la séropositivité de sa compagne et de son fils, la trouille et la mise à nu devant laquelle on se trouve face à cette maladie qui remet en question le champs des possibles, bombe à retardement qui change la donne dans le rapport à l’autre.

Il était une fois dans l’Est – Arpàd Soltész (Agullo)

Un kidnapping qui tourne au vinaigre, des mafieux qui cherchent à arrondir les angles, des flics qui n’ont pas pour habitude de faire dans la dentelle, de la corruption à tous les étages, c’est tout le jus de ce polar musclé bien noir mais non dénué d’humour qui dépeint la Slovaquie des années 90 dans toute sa jovialité.

Classiques chéris !

Pour ce retour aux classiques entamé il y a déjà un an (hip hip hip !), sous l’impulsion de Moka et Fanny et aux côtés d’une chouette clique de motivé.e.s, rendez-vous est pris chaque mois autour d’un thème ou d’un auteur. Pour cet anniversaire, un bilan en guise de gâteau, et l’occasion de repenser à ces classiques qui nous ont marqués au cours de notre vie de lecteur.rice.

Lëd – Caryl Férey (Les Arènes)

Immersion dans le cercle arctique sibérien avec ce polar dépaysant à savourer en sirotant une vodka ! Caryl Férey change de cap et nous emmène dans le Grand Nord Sibérien, dans la ville décrite comme la plus pourrie du monde (et nous avons bien envie de le croire !). Un polar socio-ethnologique trépidant dans lequel on plonge totalement, bien mené, aux figures bien campées. Un roman hyper documenté, très instructif autant que révoltant.

8848 mètres – Silène Edgar (Casterman)

Mallory et son père s’apprêtent à grimper l’Everest. Une épreuve de force, physiquement et psychologiquement, que la jeune fille de 16 ans envisagera avec la fougue caractéristique de l’adolescence, à laquelle s’adjoindront progressivement des mantras bouddhistes. Une immersion dans le sport extrême, le défi, la culture tibétaine et les causes écolos liées aux désastres environnementaux. Un chouette roman, bien documenté, à découvrir dès le collège.

Le jeu d’Hiroki – Eric Senabre (Didier jeunesse)

Au Japon, Hiroki et son père viennent de déménager et l’heure est au déballage de cartons. L’ado découvre une vieille console de jeux de son père, dont il s’empare rapidement avec son amie Emiko. Ils découvrent un jeu étonnant et mystérieux avec un personnage qui semble vouloir communiquer avec eux. Aventure, fantastique et enquête dans ce petit roman agréable et plein de rebondissements. A découvrir dès 8 ans

Après le monde – Timothée Leman (Sarbacane)

Un récit post-apocalyptique efficace dans un décor aux petits oignons. Des tours sont mystérieusement apparues à la surface de la Terre. Dans le même temps, on constate de nombreuses disparitions. Des phénomènes énigmatiques et inquiétants qui feront basculer le monde dans une ère post-apocalyptique sans filets. Deux ados vont finalement se rencontrer au fil de leurs errances et unir leurs forces pour tenter de comprendre ce qu’il est advenu.

Des cris et des crêtes – Olivier Migliore (Riveneuve)

Docteur en musicologie, Olivier Migliore dissèque des morceaux de groupes emblématiques afin de rendre compte précisément ce qui caractérise la musique punk. Un singulier bouquin donc, puisqu’il n’évoque pas le courant musical et contre-culturel sous ses aspects sociologiques et historiques, mais apporte un éclairage musicologique, en décryptant l’oralité punk. Un sacré boulot, et une belle porte ouverte à celles et ceux qui voudraient étendre la réflexion.

Les cerfs-volants – Romain Gary

Les cerfs-volants retrace l’histoire d’un jeune garçon à la mémoire extraordinaire, Ludo, que l’on va suivre depuis ses dix ans dans un coin de Normandie, où il vit avec son oncle Ambroise Fleury, « facteur timbré » qui passe pour le doux-dingue du coin avec ses cerfs-volants qu’il confectionne avec passion et minutie, jusqu’à la fin de la guerre quinze ans plus tard. Romain Gary dépeint les années 30-40 avec justesse et humanité, s’attachant à des valeurs fortes telles que la fraternité, la sagesse, l’espoir, la tolérance. Nous retrouvons son incorrigible romantisme, mais aussi un idéalisme à toute épreuve, qu’il orne de poésie, de pointes philosophiques et d’humour. 

L’ours Kintsugi – Victoire de Changy et Marine Schneider (Cambourakis)

Très bel album aux allures de fable, où l’on va à la rencontre de l’ours Kintsugi, balèse et fier de la nature qui l’entoure, et du point culminant qu’il arrive à atteindre « tout en haut d’une très haute montagne », surplombant la vallée et visible de tous. Sauf que l’assurance ne fait pas tout, et l’ours chute. Une histoire qui valorise l’aventure et la prise de risque, en lien avec le kintsugi, où l’art de réparer les brèches, céramiques ou corporelles…

[Jeu] Kikafé ?

Tentative de nouvelle rubrique sur le blog autour des jeux suite à une suggestion glissée dans l’oreillette. Pour cette première, un jeu d’apéro (ou de goûter !) efficace jouable dès 5-6 ans et bien plus tard. Pipi caca, mémoire aiguisée et réactivité à toute épreuve, autour de principes simples, se défausser de ses cartes, et ramasser le moins de crottes possible.

Sale temps pour les braves – Don Carpenter (Cambourakis)

Don Carpenter a un vrai don de raconteur d’histoires, de ceux dont on reste pendu aux lèvres ou aux mots. Dans ce premier roman, il place ce qui lui tiendra à coeur dans l’ensemble de ses romans, anti-héros cabossés et lumineux, où violence et mélancolie se tiennent le bras, comme faces indicibles d’une route vers la liberté. Du style, de l’apreté, de l’insoumission dans ce grand roman enfin découvert.

Tout et ses contraires – Delphine Chedru (Hélium)

Coup de coeur pour cet album tout simple à l’adresse des mini-portions et des porteur.se.s d’histoires qui les entourent. Tout et ses contraires, un album cartonné à rabats qui explore les notions autour de dix situations de contraires, contrastes ou oppositions… en y ajoutant une nuance, ce qui est finalement assez rare dans la littérature jeunesse et hyper intéressant. Le regard n’est pas binaire, il est multiple, on l’on ajoute ici de la relativité. Petit / Grand est ainsi accompagné du mot Immense, Seul / A deux / Tous ensemble, Rapide / lent / tranquille, Concentré / Rêveur / Distrait…

Lettre d’une inconnue – Stefan Zweig

Un écrivain reçoit une mystérieuse lettre, d’une femme qu’il ne connaît pas alors que celle-ci est manifestement très éprise de lui, et que ça ne date pas d’hier. Dans une lettre fiévreuse, pleine de passion, d’abnégation et de désillusions, elle s’ouvre, se confesse, se retire. Une correspondance unilatérale dans laquelle Stefan Zweig décrit la force destructrice de la passion.