Stanley Greene. Une vie à vif / JD Morvan & Tristan Fillaire (Delcourt)

Excellente BD qui retrace la vie du photographe Stanley Greene, du gamin de Brooklyn qui a frayé avec les Black Panthers, traîné avec les punk, trempé dans la dope, jusqu’au photographe-reporter qui s’est révélé lors de son passage à l’Est lors de la chute du mur. Les photos croisent les images de Tristan Fillaire, les époques et les lieux s’enchevêtrent, mettant en lumière la violence du monde, comme le voyait Greene en somme !

Flipette et Vénère – Lucrèce Andreae (Delcourt)

Flipette et Vénère, deux soeurs que tout oppose. Elles ne se fréquentent même plus d’ailleurs, mais par la force des choses, elles vont devoir remettre le couvert. Lucrèce Andreae touche au plus juste avec cette histoire de frangines plus vraie que nature, qui pointe nos contradictions à tous.

La partition de Flintham / Barbara Baldi (Ici-même)

Plongez dans cette impressionnante BD aux très belles planches aux allures de peintures. Efforts et sacrifices au coeur de cet album d’atmosphère qui nous plonge dans la campagne britannique sous l’ère victorienne. Un récit qui évoque les textes classiques  du même jus, avec ce portrait de femme forte, passionnée de clavecin, qui ne se laisse pas abattre malgré les embûches. Des ambiances saisissantes et un univers pictural qui explore les silences et l’intimité.

Ceux qui construisent des ponts – Alfonso Zapico (Futuropolis)

Alfonso Zapico tente de restituer toute la complexité identitaire du pays basque avec une rencontre qui en dit long, avec Fermin Muguruza (du groupe punk basque Kortatu) et Edu Madina (PSOE – Parti socialiste ouvrier espagnol). Deux types de gauche certes mais pas franchement sur la même longueur d’ondes, et qui n’auraient sans doute pas partagé la même table il y a des années… Une BD documentaire passionnante pour en savoir plus sur le jus du Pays Basque.

La peau de l’ours 1+2 / Oriol & Zidrou (Dargaud)

Dans ce chouette diptyque, Zidrou et Oriol donnent à voir le grand banditisme par l’homme qui se planque derrière, par ce qui l’a mené là, comment les tripes se dressent et l’humanité se met au placard, sur les regrets, les remords, la fin qui guette et ses multiples visages.

Payer la terre – Joe Sacco (Futuropolis)

Joe Sacco, reporter BD passionné et passionnant, a pour habitude de s’attaquer aux gros morceaux de l’Histoire du monde contemporain, ceux du genre pas simples à démêler, à vous coller la chair de poule. Après avoir épluché le conflit entre Israël et Palestine, l’Irak ou la guerre en Bosnie, il revient avec encore un gros morceau, sur la question des ethnies des territoires du Nord-Ouest canadien, juste au-dessous de l’Arctique, avec toute l’humanité, la puissance et le respect que l’on connaît de l’auteur.

Les deux vies de Pénélope – Judith Vanistendael (Le Lombard)

« Je m’appelle Pénélope. Je ne tisse pas. Je n’attends pas. Je n’ai pas de fils. J’ai une fille. Dans une semaine, elle aura 18 ans. Je ne serai pas là. Cela fait quatre ans que je ne l’ai plus vue. Cette histoire est pour elle. » Très belle et touchante BD, qui fait le portrait d’une femme qui tangue entre son intense pratique en tant que chirurgienne humanitaire et sa vie de famille qu’on lui reproche de passer à la trappe. Un récit fort, qui interroge la figure de la femme, de la culpabilité généralement plus rugissante qu’au regard des hommes, et tout cela amené avec pudeur et justesse, chapeau !

Cassandra Darke – Posy Simmonds (Denoël)

BD pur british avec de la vieille bique, du crime, du mystère, de la verve, de l’humour… Un grand moment ! « Ma mort idéale serait une oblitération silencieuse sous une neige épaisse. J’ai toujours aimé les paysages d’hiver, en art comme dans la nature, et ça ne me gênerait pas d’être une bosse en plus dans un tableau de Caspar David Friedrich. Evidemment, à la fonte des neiges, je finirais pas gâcher la journée de quelqu’un. Un fermier… des randonneurs… des exhibitionnistes… »

Senso – Alfred (Delcourt)

Un peu de chaleur et d’évasion en ces temps spéciaux, avec ce dernier album d’Alfred, encore une fois très réussi. L’histoire d’une rencontre entre deux inconnus, Germano et Elena, par hasard en off d’un mariage dans un coin d’Italie.

La vie hantée d’Anya – Vera Brosgol (Rue de Sèvres)

Anya a bien du mal à s’affirmer et à assumer ses origines russes dans sa vie de lycéenne américaine, jusqu’à une curieuse et inattendue rencontre, qui la fera envisager les choses autrement. Une BD efficace et qui se montre pleine de surprises, à destination des ados / adultes.

Ces jours qui disparaissent – Timothé Le Boucher (Glénat)

Lubin est voltigeur. Après une chute, il découvre que certaines journées passent à la trappe. Alors qu’au départ, il pense ne faire qu’une grosse cure de sommeil un jour sur deux, il s’aperçoit rapidement qu’une autre facette de lui-même s’exprime, prend ses marques et progressivement prend de l’assurance en vue d’occuper le terrain la majeure partie du temps. Gros coup de coeur pour cette course contre le temps sur fond de dédoublement de personnalité.

Symphonie carcérale – Romain Dutter (Steinkis)

Romain Dutter a été coordinateur culturel à Fresnes pendant une dizaine d’années. Dans ce premier roman graphique, il revient sur son parcours, son côté baroudeur d’abord, qui l’a mené au Honduras où le hasard l’a conduit à travailler dans une prison pour occuper le temps des détenus, expérience qui a forcément été déterminante dans la suite de l’histoire. Une BD originale, passionnante, instructive et non sans humour.

Corps sonores – Julie Maroh (Glénat)

Après l’incandescente rencontre amoureuse entre deux jeunes femmes dans Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh s’intéresse de nouveau aux sentiments et ébats amoureux dans un genre de recueil de rencontres qui ne laisse pas indifférent. C’est très beau, pluriel, intense. Une belle entracte.

La tuerie – Laurent Galandon et Nicolas Otero (Les Arènes)

A sa sortie de prison, Yannick se fait embaucher dans l’abattoir du coin. Une mission intérim comme une autre, à cela prêt que les conditions de travail sont loin d’être banales, et qu’il n’est peut-être pas là par hasard. Le titre ne fait pas dans la dentelle et nous sommes cueillis dès le départ par un texte glaçant de Guillaume Meurice. On ne s’attend donc pas à une apologie de la bavette échalotes ou du filet américain. La consommation de viande fait débat, et si elle en prend pour son grade ici, il ne s’agit pas d’un positionnement à charge. Les auteurs prennent de la hauteur en insufflant une dimension sociale très forte et un angle polar bien mené.

Le loup – Jean-Marc Rochette (Casterman)

Coup de coeur pour ce récit subjuguant qui nous plonge dans l’intimité de la pleine montagne. Jean-Marc Rochette décrit de manière prodigieuse l’affrontement entre un berger et un jeune loup, la colère qui se mue en haine vengeresse, la patience qui en découle, les forces puisées et amenuisées, la mort […]

En silence – Audrey Spiry (KSTR)

Etonnante et bluffante BD sur une virée en canyoning. Juliette et son compagnon se lancent dans l’aventure, avec un couple et leurs deux filles, et le guide à l’aisance désinvolte. La journée qui s’avère riche en adrénaline le sera doublement puisque la jeune femme, en apprenant à repousser ses limites, […]