Entre fauves – Colin Niel (Rouergue)

L’une des petites claques de cette fin d’année avec ce nouveau Colin Niel qui investit cette fois-ci l’univers des gros portefeuilles qui dopent leur adrénaline avec leurs fichues chasses aux trophées. Ici une chasse au lion qui tourne au vinaigre entre la Namibie et les Pyrénées, que nous découvrons au fil des regards entre chasseurs, éleveurs, chassés et gardes nature. Un roman très immersif et véhément, avec son lot de suées et de grincements de dents.

Chavirer – Lola Lafon (Actes sud)

Lola Lafon donne voix aux colères assourdies, aux corps tus par ces gestes que ne devraient pas, ces mots qui auraient pu, et cette temporalité qui réveille et révèle, enfin. En 1984, Cléo a treize ans, elle danse, elle rêve, et elle accepte, de jouer le jeu pour une fondation énigmatique, qui saurait lui donner des ailes, si seulement. La prédation sans scrupules, qui fauche en plein vol, cette ère où les bruits couraient sans retenir l’écho, qui éclate un peu plus maintenant. Et cette culpabilité qui fige et creuse. Lola Lafon, tellement puissante, encore une fois. Rentrée littéraire 2020

L’enfant qui cherchait la petite bête et autres contes inédits et retrouvés – Beatrix Beck (Chemin de fer)

Imaginaire narquois, onirisme magique, réalisme débordant, sombres échos, espièglerie maline garnissent ce recueil qui dresse un beau tableau de l’univers de Beatrix Beck. Une fantaise élégante et une langue aiguisée dans ces contes à glisser audacieusement dans de nombreuses mains de tous âges.

Ferragus – Honoré de Balzac

Place à Balzac donc, avec ce premier volume de L’histoire des Treize, au coeur de l’ambitieux cycle La comédie humaine, où Balzac excelle en matière de romantisme noir par lequel nous assistons à de l’amour intense aux débordements maladifs, à de la passion renversante à se faire cruelle, à la violence des tempéraments emportés dans leur démesure, aux mystères sourds et obsédants à en crever. 

Les héritages – Gabrielle Wittkop (C. Bourgois)

Coup de projecteur dans l’actualité littéraire sur l’oeuvre de Gabrielle Wittkop pour le centenaire de sa naissance, alors qu’elle s’est éteinte en 2002, avec notamment deux textes (ré)édités ce mois-ci, chez Christian Bourgois et chez Quidam. Avec Les héritages, nous traversons l’histoire d’une villa bâtie à la fin du dix-neuvième en bord de Marne, d’un siècle et de ses gens, sous les traits acides de Gabrielle Wittkop, qui démontre encore une fois une puissance littéraire folle.

La ferme aux poupées – Wojciech Chmielarz (Agullo)

Ambiance polonaise avec un polar bien senti, trépidant, efficace, qui montre une fois de plus que les éditions Agullo ont du nez pour dénichez des auteurs et des textes qui en ont dans le ventre. Une affaire tendance dossier pédophile qui se mue progressivement en meurtres en série complexe. On découvre la Pologne par la petite porte, les individus, la condition tsigane, avec des personnages bien campés et un scénario bien ficelé.

[Rentrée littéraire 2020] La grâce et les ténèbres – Ann Scott (Calmann Levy)

Dans son dernier roman, Ann Scott nous plonge dans la lutte souterraine contre le terrorisme, où l’on reste en apnée sans tellement d’échappatoire. Un roman dense et très documenté sur ceux qui scrutent les djihadistes sur les réseaux sociaux en vue de les annihiler ou en tout cas déjouer leurs funestes prévisions.

Lysistrata – Aristophane

En -411, dans la cité d’Athènes, Aristophane se frotte à la domination masculine, avec cette pièce truculente et grivoise, où les femmes ont décidé de faire la grève du sexe pour faire revenir leurs hommes au bercail, les enjoindre de cesser cette guerre qui sévit dans le Péloponnèse. Si vous souhaitez retenter la littérature antique en faisant un pied de nez à vos (mauvais) souvenirs, cette pièce est pour vous !