La morale des sens – Vicomte de Mirabeau (Libretto)

Les classiques Olé Olé sont ce mois-ci à l’honneur. Ici un gentillet roman libertin du dix-huitième siècle, par le frère du comte de Mirabeau himself, où l’on suit un jeune homme au fil de ses amours, rencontres, séduction entre deux portes, ou comment les gens de bonne famille occupent leur temps à jouer des coudes pour recueillir les faveurs de l’une ou l’autre. Eau de rose un chouïa pimentée, belles trouvailles dans les tournures et gravures dans le jus de l’époque au menu.

Le postier – Charles Bukowski

Un roman autobiographique par l’écrivain qui ne l’est alors pas encore et augure pas mal de choses pour la suite à venir du gros dégueulasse qu’il revendiquera plus tard. Ivresse, orgasmes, corps qui trinquent, souffrance, violence, poisse… Un premier cru qui reste assez soft par-rapport aux autres textes de Bukowski mais on est déjà bien dedans quand même.

Les sorcières de Salem – Arthur Miller

Les histoires qui disent l’Histoire sont à l’honneur ce mois-ci pour le retour aux classiques. Ici, un pan de l’Histoire qui remonte à la fin du dix-septième siècle, alors qu’une chasse aux sorcières sévit aux abords de Salem dans le Massachussets. En 1692, 22 personnes seront exécutées pour soupçon de sorcellerie, pratique faisant un peu désordre dans une société au puritanisme un brin chatouilleux.

Frankie Addams – Carson McCullers

Avec Frankie Addams, l’autrice célèbre l’adolescence dans toute sa complexité. Un thème qui lui est cher et qui occupe ici le devant de la scène, dans toute sa splendeur et ses tiraillements, avec le portrait franc et subtil d’une adolescente de douze ans pour qui le mariage de son frère cristallise en quelque sorte tous ses questionnements, ses envies, ses rejets. Trois jours durant lesquels elle va se projeter, rêver, changer, s’en prendre dans les dents aussi.

L’Astragale – Pandolfo & Risbjerg (Sarbacane)

Cavale, tapin et passion amoureuse dans le Paris des années 50-60. Très beau portrait d’une jeune femme volontaire portée par l’amour et la soif de liberté, qui se questionne, se remet en question et se donne les moyens sans faillir. Anne, un personnage à l’image d’Albertine, amoureuse autant qu’insoumise, butée, révoltée ou encore rêveuse à ses heures. BD tirée du roman d’Albertine Sarrazin.

Nouvelles de prison – Albertine Sarrazin (Le Chemin de fer)

Albertine Sarrazin, une autrice déterminée et affirmée à la vie trop courte et à l’oeuvre remarquable. Ses récits conjuguent verve argotique, poésie, regard franc et une certaine finesse audacieuse dans la langue. Dans ces Nouvelles de prison, elle décrit des scénettes d’un quotidien carcéral rythmé par le travail de couture, les jours de lessive, le café ou les fêtes de Noël. Des épisodes au cours desquels nous croisons co-détenues et surveillantes, amies sincères ou compagnies détestables. Un quotidien en huis clos qu’elle relate avec légèreté, humeur et humour, décrivant ce qui s’y noue et ce qui se joue, dans ce décor qu’elle côtoiera durant huit ans.

Thérèse et Isabelle – Violette Leduc

Violette Leduc a beaucoup officié dans l’autobiographie, racontant notamment ses émois, ses amours, sa manière d’être femme à travers son histoire. Dans Thérèse et Isabelle, elle relate une histoire d’amour qui durera trois jours et trois nuits, lors de son passage au pensionnaire de Douai dans les années 20. Thérèse a alors quatorze ans et ses sens encore balbutiants vont littéralement flamber avec impétuosité.

Des souris et des hommes – John Steinbeck mis en images par Rébecca Dautremer (Tishina)

Faut-il encore présenter Des souris et des hommes ? Dans ce court roman qui pose les jalons des Raisins de la colère, John Steinbeck mettait déjà le paquet, avec ce duo improbable et bouleversant, entre Lennie Small le simple d’esprit à la corpulence massive impressionnante, le coeur sur la main et la main aussi tendre que dévastatrice, et George Milton, à la carrure plus resserrée, comme asséchée par la discrétion, la prudence et l’inquiétude, un type débrouillard qui fait figure d’autorité pour son acolyte. Un roman présenté ici dans la splendide version illustrée de Rébecca Dautremer.

Les villes invisibles – Italo Calvino

Il faut accepter de lâcher prise et de se laisser porter, dans cette conversation imaginée entre le jeune explorateur Marco Polo et l’empereur Kublai Khan chez qui il résida. L’empereur ne pouvant se déplacer dans l’ensemble des villes conquises, demande à Marco Polo de lui décrire, ce qu’il honore avec majesté et malice puisque ses descriptions restent magnifiquement énigmatiques. Les villes revêtent des caractères extraordinaires, merveilleux, à travers ce qui en fait le sel de manière impalpable.

Le Chancellor – Jules Verne

La survie en mode dix-neuvième siècle entre roman épistolaire, roman d’aventure, réflexions philosophiques et anthropophagie. Court roman dans lequel Jules Verne s’empare du naufrage de la Méduse survenu 60 ans plus tôt, une errance maritime qui s’éternise et par laquelle l’écrivain s’intéresse à l’ambivalence des sentiments qui s’exacerbent avec l’instinct de survie.

Le tour du monde en 72 jours – Nellie Bly

Récit de voyage d’une journaliste déterminée à la fin du dix-neuvième siècle. En novembre 1889, la journaliste américaine Nellie Bly entamait son périple en vue de faire le tour du monde en moins de 80 jours. Un défi à plusieurs échelles, lancé d’abord fictivement à Phileas Fogg, professionnel puisque l’époque voit tout juste apparaître le journalisme de reportage, et personnel puisqu’il est encore loin d’être banal de partir explorer en en solo de la sorte quand on est une femme. Elle se prendra bien quelques remarques, qu’elle retoquera efficacement, bien décidée à mener à bien son projet. Une rencontre passionnante et un voyage qui nous plonge littéralement dans le contexte de l’époque.

Le vieil homme et la mer – Ernest Hemingway

Sur la côte cubaine, Santiago, un vieux marin qui n’a pas péché depuis plus de quatre-vingts jours, repart une fois de plus en pleine mer. Un texte absolument remarquable, dans lequel Hemingway brosse une certaine idée du destin immanquable, célèbre le courage, la ténacité, la fierté dans l’effort et non dans la réussite. Un récit fort et sensible, entre hymne à la mer et légendes que l’on se transmet au coin du zinc.

Classiques chéris !

Pour ce retour aux classiques entamé il y a déjà un an (hip hip hip !), sous l’impulsion de Moka et Fanny et aux côtés d’une chouette clique de motivé.e.s, rendez-vous est pris chaque mois autour d’un thème ou d’un auteur. Pour cet anniversaire, un bilan en guise de gâteau, et l’occasion de repenser à ces classiques qui nous ont marqués au cours de notre vie de lecteur.rice.

Les misérables – Victor Hugo

La tendance ces derniers temps dans le monde culturel est à un retour aux classiques. Et il se pratique sur Ça sent le book des chroniques de classiques orientées par certaines tendances. Or dernièrement la tendance était à choisir un mythe sur lequel on avait un à priori négatif.

Et c’est exactement ce que j’ai fait en me tournant vers Les misérables de Victor Hugo, auteur que je tenais pour inintéressant et très poussiéreux, auréolé de son titre de classique des classiques, puisqu’il n’est pas une scolarité qui ne puisse se faire sans rencontrer ledit Victor à tous les coins de rue.

Les cerfs-volants – Romain Gary

Les cerfs-volants retrace l’histoire d’un jeune garçon à la mémoire extraordinaire, Ludo, que l’on va suivre depuis ses dix ans dans un coin de Normandie, où il vit avec son oncle Ambroise Fleury, « facteur timbré » qui passe pour le doux-dingue du coin avec ses cerfs-volants qu’il confectionne avec passion et minutie, jusqu’à la fin de la guerre quinze ans plus tard. Romain Gary dépeint les années 30-40 avec justesse et humanité, s’attachant à des valeurs fortes telles que la fraternité, la sagesse, l’espoir, la tolérance. Nous retrouvons son incorrigible romantisme, mais aussi un idéalisme à toute épreuve, qu’il orne de poésie, de pointes philosophiques et d’humour. 

Lettre d’une inconnue – Stefan Zweig

Un écrivain reçoit une mystérieuse lettre, d’une femme qu’il ne connaît pas alors que celle-ci est manifestement très éprise de lui, et que ça ne date pas d’hier. Dans une lettre fiévreuse, pleine de passion, d’abnégation et de désillusions, elle s’ouvre, se confesse, se retire. Une correspondance unilatérale dans laquelle Stefan Zweig décrit la force destructrice de la passion.

1984 – Orwell adapté par Fido Nesti (Grasset)

Lorsqu’en 1949 Orwell assistait à la publication de son roman 1984, aurait-il pu imaginer que le monde y trouverait toujours autant d’écho 70 ans plus tard ? Féru de dystopies, l’illustrateur brésilien Fido Nesti, en relevant des résonances flagrantes avec l’actualité de son pays, ne pouvait à l’évidence pas passer […]