Roman coup de poing, déculotté, féministe, pro-sexe et forcément remarqué dans cette rentrée littéraire. Emma Becker est autrice et journaliste. Ça faisait un moment qu’elle s’intéressait à la condition prostituée, et a poussé ses questionnements à son paroxysme en devenant elle-même l’une d’elles. Un texte dense, pointilleux, qui ne mâche pas ses mots, intéressant à découvrir, quelque soit son positionnement sur la question.
Catégorie : Littérature
Zippo – Valentine Imhof (Rouergue)
Du bon noir balèze, bien serré, et fumé avec ça. Des femmes sont retrouvées carbonisées dans un parc à Milwaukee. Les lieutenants Mia Larström et Peter McNamara sont sur le coup, mais le goût amer de la redite se fait furtif puis de plus en prégnant au fur et à mesure que le déjà-vu s’affirme. Un polar troublant et trépidant, sondant les revers de la mémoire et des corps, la fragilité et la force qui y sont rattachées. Rentrée littéraire 2019.
Sale gosse – Mathieu Palain (L’Iconoclaste)
Délinquance, parcours familiaux hors pistes et PJJ. Wilfried est placé en famille d’accueil à l’âge de 8 mois. Tout se passe globalement pas trop mal, voire même plutôt bien, jusqu’à ce que son histoire lui revienne dans les dents à l’adolescence, à l’instant charnière où se croisent quête d’identité, prises de bec, autonomie balbutiante, colère ravalée et accumulée qui finit par faire des étincelles. Rentrée littéraire 2019
Les yeux fumés – Nathalie Sauvagnac (Le Masque)
Un roman coup de point qui reflète les invisibles des périphéries. Philippe n’est pas le préféré de la famille, en tout cas pas de sa mère, qui ne peut plus le voir en peinture, et encore moins depuis qu’il zone dans la maison et larve sans que le moindre changement se profile. Quid de l’oeuf ou la poule, de qui a provoqué le rejet de l’autre, a tiré le premier, de ce qui a rendu ce môme comme ça, toujours est-il qu’il finit par se barrer, rencontre Bruno, hippie zonard aux histoires fabuleuses, se prend dans la tronche la réalité du quartier, de la cité, du béton. Philippe va malgré tout trouver du boulot, rencontrer Mickey, Anne… et tenter d’avancer, à défaut d’autre chose. Rentrée littéraire 2019
Une bête au paradis – Cécile Coulon (L’Iconoclaste)
Condition humaine, lien filial, passion amoureuse, rapport à la terre, ruralité et mutations flottantes. La poigne littéraire de Cécile Coulon qui souligne toujours si étonnement l’amertume, la vengeance, la médiocrité, la mélancolie, le poids d’une histoire sur les corps. Rentrée littéraire 2019
Figurec – Fabrice Caro (Gallimard)
Fabcaro a le vent en poupe et du coup, ses anciens textes prennent du galon. Oh joie pour les amateurs d’avoir encore de quoi se mettre sous la dent. L’histoire d’un type qui court les enterrements, qui rencontre bientôt un autre type avec la même occupation, et va mettre le pied dans une organisation monumentale et flippante. Un roman distrayant qui ne manque pas de panache.
Et frappe le père à mort – John Wain (Editions du Typhon)
De la difficulté de s’affranchir des diktats sociétaux et familiaux. John Wain continue d’explorer brillamment la question, en ajoutant ici une dimension swinguante avec une plongée totale dans le monde du jazz. Nous suivons ainsi Jeremy, fils de professeur de grec ancien éduqué dans les règles de l’art de la […]
Le discours – Fabrice Caro (Gallimard)
Fabcaro signe son deuxième roman, qui s’avère aussi truculent que ses BD. Ici dîner en famille, grande annonce et cadeau empoisonné. Une fois de plus, le quotidien sort de ses gonds. C’est très distrayant, très drôle et grinçant à souhait, à ne pas louper si vous voulez vous fendre la poire !
Grise fiord – Gilles Stassart (Rouergue)
Le Grand Nord canadien comme on le lit rarement. Un roman noir, politique, ethnographique, intense. Un roman initiatique qui mue en voyage, abordant les questions de filiation, de croyances, les regrets, les quêtes personnelles. On y lit l’âpreté, la rudesse, la chaleur, et plus concrètement la chasse, la survie, les déplacements en traineaux, les meutes de chiens. Une histoire forte et dramatique, et nous convie à une exploration peu commune et magnifique dans le cercle arctique.
Simone au travail – David Turgeon (Le Quartanier)
« Le dessin, c’est une affaire d’oeil. Il faut tenir sa cible, et viser juste. Et puis, c’est connu, les tueurs aussi s’exercent d’abord sur le papier. » Etonnant roman fait d’art, d’énigmes et de multiples possibilités. Par la galerie d’art d’Alban Wouters, nous entrons dans la vie d’une poignée de personnages, tous plus ou moins à un moment de flottement de leurs vies, qu’il s’agisse de la fin d’une exposition, d’un temps de pause entre deux affaires, d’un amour flottant. David Turgeon investit ce temps d’attente, par lequel des relations vont se nouer, des dés se jeter…
L’heure tiède – Franck Balandier (Librairie galerie Racine)
L’heure tiède, celle de l’incertitude, des balbutiements, de la finalité. Franck Balandier a choisi d’y poser des mots et de les réunir dans un recueil poétique où l’écrivain, l’homme, revient sur ses amours, les femmes qui ont partagé un moment de sa vie, dans des textes qu’il leur adresse, les […]
Le corps est une chimère – Wendy Delorme (Au Diable Vauvert)
Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Pour ce quatrième roman, elle aborde ce qu’elle connaît bien et défend quotidiennement, les questions d’identité, de genre, de féminin-masculin. A travers une galerie de personnages, elle parle des minorités en leur donnant corps, pointant qu’elles ne sont en rien des exceptions.
Avec Bastien – Mathieu Riboulet (Verdier)
L’histoire de Bastien, garçon de la campagne épris de Nicolas parti trop tôt, et qui va toute sa vie combler ce manque par l’exploration des corps, l’histoire d’un enfant qui grandit, d’un adolescent devenu adulte, d’un garçon conscient de sa différence, de son attirance pour le même sexe, de sa force de caractère à assumer ses choix, de ses questionnements sur l’identité et la notion de genre. Très fort, très dur et très beau.
Billy le menteur – de Keith Waterhouse (Editions du Typhon)
Dans une petite ville du Yorkshire, Billy Fisher ment à ne plus savoir comment il s’appelle. Jeune homme plein de contradictions, qui aime être pénard tout en se mettant dans des situations inextricables, plein de projets et d’envies tout en faisant preuve d’une incroyable force d’inertie, il incarne une époque sans le savoir, portant beaucoup plus de symboles qu’il ne pourrait l’imaginer. Du pur british working-class à (re)découvrir.
Par les rafales – Valentine Imhof (Rouergue)
Alex n’est pas banale, c’est le moins qu’on puisse dire. Jeune femme insaisissable, draguant la discrétion sans pour autant passer inaperçue, elle dissimule les fêlures et les restes de mauvaises rencontres sans pour autant s’en accommoder. Alors elle fait comme elle peut, répondant à un besoin viscéral de s’en libérer, quitte à laisser quelques corps inertes sur son passage. Un roman noir brut, subtil et dépaysant. Une pépite à ne pas laisser filer.
Watership down – de Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture)
Aujourd’hui, NickCarraway s’adresse aux enfants, ceux d’aujourd’hui mais également à ceux que vous avez été un jour… avec ce chef d’oeuvre que les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont eu la bonne idée de ressortir !
Passer l’année littéraire en revue en une poignée de titres
Bilan de l’année sous forme de questionnaire littéraire, palmarès 2018 et meilleurs voeux pour 2019.
Mon traître – Sorj Chalandon – Pierre Alary (Grasset / Rue de Sèvres)
La rencontre entre un luthier parisien et l’Irlande du Nord, sa famille de cœur, les luttes, l’engagement et la traîtrise. Très grand roman de Sorj Chalandon, une histoire d’amitié à frémir et le conflit irlandais dans toute sa complexité.
En finir avec Eddy Bellegueule – Edouard Louis (Seuil)
Quand l’autofiction devient analyse sociétale. En 2014, Edouard Louis faisait jaser avec ce premier roman publié à 21 ans, revenant sur son enfance passée dans un village picard. Un texte qui happe, remue, interroge et qui en dit long.
Les heures rouges – Leni Zumas (Presses de la Cité)
Quatre portraits de femmes, destins croisés dans une Amérique à peine futuriste. Avortement, PMA, GPA, Leni Zumas met le doigts sur la fragilité des droits, en par particulier ceux liés aux femmes et à la famille. Un sujet ultra-contemporain traité de façon pas inintéressante mais un peu raide.