Le chemin des égarés – Vincent Turhan (Les Enfants rouges)

Un ouragan vient de tout retourner sur son passage. Les foules s’organisent, se déplacent. La plupart sont déjà partis rejoindre la ville riche de promesses. Reste une poignée de junkies, qui émerge des brumes de leur dernier shoot, découvrant sans trop saisir un paysage de désolation. Une ambiance post-catastrophe très bien vue pour évoquer ce monde des laissés-pour-compte. Une belle découverte.

L’origine du monde – Liv Strömquist (Rackham)

Le sexe féminin enfin dépoussiéré ! Et Liv Strömquist ne fait pas les choses à moitié. Auteure de BD, journaliste et militante féministe, elle mélange ses cordes et les codes dans des albums édifiants qui en disent long sur les relations entre les femmes et les hommes. Ici, elle aborde en particulier le sexe féminin et ses représentations. Edifiant et drôle, un incontournable !

Dans le noir – de Daria Bogdanska (Rackham) #WomenDoBD

Le bibliothécaire et booktubeur Nick Carraway vous propose une BD de haute lutte, ou l’histoire d’une jeune illustratrice polonaise tout juste débarquée en Pologne et rapidement confrontée au travail au noir et son esclavagisme moderne. L’histoire d’une jeune fille à la force mentale impressionnante, et une invitée de choix dans le festival Littérature, Puissance, etc, du 12 au 15 octobre 2018 sur la métropole lilloise.

L’araignée de Mashhad – Mana Neyestani (Ça & Là)

Réfugié politique en France, Mana Neyestani continue de dénoncer les travers tragi-comiques de l’Iran. Cette fois, il se base sur une affaire de tueur en série s’attaquant à des prostituées au nom d’une application très personnelle de la charia. Instructif, ahurissant, saisissant. A découvrir !

Et si l’amour c’était aimer ? – Fabcaro (6 Pieds sous Terre)

Henri et Sandrine forment un couple parfait et sans nuage, jusqu’au jour où Sandrine a le béguin pour le livreur de macédoine. Idylles clandestines, choix tortueux, cœurs qui flanchent, Fabcaro s’en donne à cœur joie en faisant valser tous les codes du roman-photo. Le summun du kitch peut y voir un hommage doré. C’est plein de trouvailles, de jeux de sens, d’absurde et d’humour gras.

Je vais rester – Trondheim & Chevillard (Rue de Sèvres)

Fabienne et Roland ont prévu de passer la semaine à Palavas-les-Flots. Mais à peine arrivés, le pire surgit et Fabienne se retrouve seule. Les auteurs ne tournent pas autour du pot, ils convoquent le drame, cueillent l’instant, et s’intéressent à l’après, à cette femme qui, contre toute attente, décide de rester, et de suivre le programme des vacances scrupuleusement préparé par son homme. Un bel album qui laisse songeur.

Les reflets changeants – Aude Mermilliod (Le Lombard)

Pour les amateur(trice)s de tranches de vie et destins croisés. Dans le sud de la France, Elsa, 22 ans, n’arrive pas à se défaire d’une relation amoureuse qui n’en fini pas de faire des nœuds. Un peu plus loin, Jean n’arrive pas à trouver sa place dans une vie de père de famille – conducteur de train alors qu’il s’imagine encore voguer en pleine mer. Quant à Emile, sourd depuis un traumatisme durant la guerre d’Algérie, il cherche l’échappatoire qui le soulagera d’un silence devenu trop pesant.

Raoul : T’aurais pu prévenir avant de partir… – Michel Van Zeveren (Ecole des loisirs)

Raoul, c’est une série qui raconte la vie par ses petits bouts, le quotidien, les petites choses comme le passage aux toilettes ou les dessins animés et les grands événements, comme l’arrivée de la petite sœur ou comme ici, en fil rouge, le décès du Papipa. Un album très doux, tendre et plein d’humour, avec tous les mots d’enfants que cela suppose. Une série à ne pas manquer.

Zaï zaï zaï – un road movie de Fabcaro (6 pieds sous terre)

Un type va faire trois courses en oubliant sa carte de fidélité chez lui. Un manquement grave qui lui vaudra l’appel du vigile, la menace d’une roulade arrière, l’auto-défense avec un poireau, et une chasse à l’homme dans la même veine. Une course poursuite endiablée et absurde qui fait à la fois rire gras et rire jaune. A découvrir absolument !

Crache trois fois – Davide Reviati (Ici Même)

Un village italien, des gamins qui ont poussé au gré de leurs trouvailles, sont devenus une bande de potes qui ont tout partagé ou presque. Et Loretta, la fille de gitans, qui n’est jamais loin mais pas tout à fait là, qui intrigue et fout la trouille, et dont on se moque pour mieux se protéger. Davide Reviati signe un roman graphique très fort, navigant entre récit d’apprentissage et histoire du peuple rom, dans lequel il passe au peigne fin le rapport à la différence et le racisme ordinaire qui en découle trop souvent.

Les larmes du seigneur afghan – Campi, Zabu, Bourgaux (Dupuis)

Immersion dans le conflit afghan. En 2010, la reporter Pascale Bourgaux se rend une fois de plus en Afghanistan, dans un village au nord du pays où elle a tissé des relations depuis une dizaine d’années, dont une précieuse avec un seigneur de guerre. Elle constate avec sidération que malgré l’assise du bonhomme, le terrain est à deux doigts de se faire récupérer par les talibans. Une BD documentaire instructive. Une bonne entrée en matière pour aborder les conflits au Moyen-Orient et toute la difficulté d’y remédier.

La petite souriante – Zidrou et Springer (Dupuis)

Pep est éleveur d’autruches et cette nuit il a décidé de zigouiller sa bonne femme. C’est justement ce qu’il est en train de faire quand la BD commence, ça gicle un peu d’ailleurs sous l’œil torve des volatiles. La descente est rude lorsqu’il se voit accueilli dans sa cuisine l’air de rien par sa défunte épouse. Ambiance poisseuse dans cette BD qui tient de la série Z et ravira les amateurs du genre.

Omar le navigateur – Pedro Rodriguez (Les Aventuriers de l’Etrange)

De la piraterie pur jus dans ce récit mené tambour battant, avec de l’aventure, du mystère, du folklore, un morceau d’histoire du bassin méditerranéen qui était alors sous le joug de l’Empire Ottoman, et une solide histoire d’amitié face à l’épreuve du temps. Une BD d’aventure efficace qui s’adresse à un large lectorat dès 10 ans.

Carnation – Xavier Mussat (Casterman)

Une BD profonde et remuante sur les relations qui s’imbriquent jusqu’à l’asphyxie. L’objet est graphiquement fabuleux. On se pose un moment devant ce format épais. Et on y entre pour y rester.

La saga de Grimr – de Jérémie Moreau (Delcourt)

Au dix-huitième siècle, au cœur de l’Islande, le jeune Grimr voit toute sa famille disparaître dans l’explosion d’un volcan. Avec sa force surhumaine et un tempérament de fer, il va se forger un destin digne d’une saga, qu’un vieux poète bienveillant n’aura de cesse de garder la trace. Très belle BD, initiatique et sauvage.