Polars et romans noirs sont à l’honneur ce mois-ci pour ce retour aux classiques. Direction l’Asie avec le grand maître de la littérature policière japonaise, Edogawa Ranpo. Ici deux nouvelles, l’une davantage surnaturelle avec un suspense énigmatique aux petits oignons, l’autre noire angoissante aux côtés d’un misanthrope bien gratiné.
Catégorie : Roman policier
Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk (Libretto)
Plongée dans un coin de forêt polonaise en bord de Tchéquie, plutôt tranquille jusqu’à ce qu’un type soit retrouvé mort, puis deux, puis… Des disparitions qui restent énigmatiques et devant lesquelles les enquêteurs piétinent. Janina Doucheyko, en bonne voisine qui passe volontiers pour la vieille allumée de service avec ses prédictions astrologiques et son tempérament bien trempé, soulève similitudes et curiosités naturelles, imaginant une vengeance orchestrée par les animaux.
L’attaque du Calcutta-Darjeeling – Abir Mukherjee (Gallimard)
Polar indien moite et passionnant qui nous propulse sans tergiversation à Calcutta en 1919. Une sorte de Ian Rankin à l’indienne où l’on se frotte à la fois au contexte social, aux politiques véreux, au colonialisme forcené et aux fumeries d’opium. Du polar historique sans en avoir l’air, très immersif et efficace, à découvrir sans tarder !
Il était une fois dans l’Est – Arpàd Soltész (Agullo)
Un kidnapping qui tourne au vinaigre, des mafieux qui cherchent à arrondir les angles, des flics qui n’ont pas pour habitude de faire dans la dentelle, de la corruption à tous les étages, c’est tout le jus de ce polar musclé bien noir mais non dénué d’humour qui dépeint la Slovaquie des années 90 dans toute sa jovialité.
Lëd – Caryl Férey (Les Arènes)
Immersion dans le cercle arctique sibérien avec ce polar dépaysant à savourer en sirotant une vodka ! Caryl Férey change de cap et nous emmène dans le Grand Nord Sibérien, dans la ville décrite comme la plus pourrie du monde (et nous avons bien envie de le croire !). Un polar socio-ethnologique trépidant dans lequel on plonge totalement, bien mené, aux figures bien campées. Un roman hyper documenté, très instructif autant que révoltant.
Initiale – Frederic Paul (Edilivre)
Un artiste tourmenté quitte sa Russie natale et la folie de ce début de vingtième siècle, pour rejoindre l’ouest de l’Europe où une passion transgressive lui fera jouer un rôle au côté des avant-gardes artistique Parisienne. Un roman de fuite, sulfureux, aux fondements de l’art : l’érotisme et la mort.
La ferme aux poupées – Wojciech Chmielarz (Agullo)
Ambiance polonaise avec un polar bien senti, trépidant, efficace, qui montre une fois de plus que les éditions Agullo ont du nez pour dénichez des auteurs et des textes qui en ont dans le ventre. Une affaire tendance dossier pédophile qui se mue progressivement en meurtres en série complexe. On découvre la Pologne par la petite porte, les individus, la condition tsigane, avec des personnages bien campés et un scénario bien ficelé.
Joueuse – Benoît Philippon (Les Arènes)
Vous voyez les films noirs tendance mafia, arrières salles enfumées, méchants très méchants, politiques véreux et bluff à tous les étages ? Benoît Philippon en a fait le jus de son dernier roman, un polar efficace qui ne fait pas dans la dentelle, mais avec tout de même un petit coeur tendre planqué quelque part. Un polar très divertissant avec des dialogues truculents et des scènes juteuses. Par l’auteur de l’immanquable Mamie Luger ! A découvrir !
Mamie Luger – Benoît Philippon (Les Arènes)
Un matin, Berthe, 102 ans, accueille des policiers en intervention devant chez elle à coup de plombs dans le derrière. Soupçonnée d’être complice d’une nouvelle mouture de Bonnie & Clyde, elle est interrogée pour son port d’arme illégal et sa façon peu courtoise de coopérer avec les bleus. La journée va être longue pour l’inspecteur Ventura, d’autant que la perquisition révèle quelques macchabées bien planqués. Revigorant et distrayant. Gros coup de coeur !
Paz – Caryl Férey (Gallimard)
Ambiance guérilla colombienne, jeux de dupes et duel fratricide dans ce nouveau roman de Caryl Férey, particulièrement noir, saisissant, en bref, réussi. Un très bon cru, dans la veine de Mapuche et Zulu. Rentrée littéraire 2019.
Zippo – Valentine Imhof (Rouergue)
Du bon noir balèze, bien serré, et fumé avec ça. Des femmes sont retrouvées carbonisées dans un parc à Milwaukee. Les lieutenants Mia Larström et Peter McNamara sont sur le coup, mais le goût amer de la redite se fait furtif puis de plus en prégnant au fur et à mesure que le déjà-vu s’affirme. Un polar troublant et trépidant, sondant les revers de la mémoire et des corps, la fragilité et la force qui y sont rattachées. Rentrée littéraire 2019.
Plus jamais seul – Caryl Férey (Gallimard)
Grand retour de Mc Cash, ex-flic borgne borderline. Histoire de famille, de retrouvailles et de mafieux entre embruns bretons et Grèce qui tente de relever la tête. Ambiance polar pur jus, désenchanté tout en gardant gouaille et humour cinglant. Un bon cru.
Fouta street – de Laurence Gavron (Masque)
Takko Deh, sénégalaise pur jus, débarque tout juste à Brooklyn suite à un mariage arrangé de longue date. Le grand écart entre sa pampa et ses coutumes peul et le grand bain américain. Mais l’intégration va lui réserver son lot de surprises. Un polar dépaysant dans lequel on apprend beaucoup de la culture sénégalaise.
La lumière de la nuit – de Keigo Higashino (Actes sud)
Osaka dans les années 70. Un prêteurs sur gage est retrouvé assassiné dans un immeuble désaffecté. Une femme est retrouvée asphyxiée au gaz chez elle. Les correspondances entre les affaires restent floues, les enquêtes piétinent, mais l’inspecteur Sasagaki n’est pas près à lâcher le morceau. Epais roman bluffant qui dépeint la société japonaise sur une vingtaine d’années, des années 70 aux années 90. Un polar puzzle foisonnant et captivant.
Bondrée – de Andrée A. Michaud (Rivages)
Eté 67. Les vacanciers ont investi les chalets qui bordent le lac Boundary Pound, au sud du Québec, un îlot de verdure aux allures de réserve naturelle entre lac, bois et montagnes. Un genre de communauté saisonnière s’est formé au fil des années, les barbecues s’animent, les jeunes se retrouvent, expérimentent, profitent de la liberté estivale. Jusqu’au jour où Zaza Mulligan est retrouvée morte près d’un piège à renard. Coup de cœur pour ce roman noir épais, brumeux, enveloppant et non dénué d’humour. A découvrir !
Pills nation – Adrien Pauchet (Aux Forges de Vulcain)
Paris sous la canicule. Une drogue nouvelle génération circule dans les circuits funéraires. Un premier roman enthousiasmant et franchement bluffant, qui pointe les déraillements de notre société (et qui donne soif).
Les fleurs ne saignent pas – de Alexis Ravelo (Mirobole)
De l’humour et du sang, des personnages hauts en couleur et quelques scènes épiques, nous sommes dans du roman de gangster pur jus, dans l’esprit des films du même genre.
Te laisser partir – de Clare Mackintosh (Marabout)
Bristol. Une nuit, la pluie, un chauffard qui prend la fuite et un enfant laissé sur le carreau. Une enquête piétinante et une paire de flics obstinés. Ajoutez à cela le sens de la déroute de l’auteure, vous obtenez un premier roman efficace et surprenant.
Les infâmes – de Jax Miller (Ombres noires)
Freedom Oliver est témoin sous protection. Il y a dix-huit, elle a dû mettre sa vie au placard et ses enfants à l’adoption, et son passé a aujourd’hui des allures de mirages. Sauf que celui qu’elle a envoyé en prison vient d’en sortir et sa fille vient de se volatiliser. Un premier roman bien noir, poisseux et rageur.
Quand sort la recluse – Fred Vargas (Flammarion)
Des grands-pères qui passent l’arme à gauche, sans lien apparent, mise à part cette piqûre. L’affaire n’en est pas une, et si c’était le cas, Adamsberg serait le dernier concerné. Sauf qu’il a mis le nez dessus et quand ça le taraude, on sait bien ce qu’il se passe. Du Vargas pur jus qui ravira les amateurs et les autres, même si c’est un peu surjoué par moment.