Condition humaine, lien filial, passion amoureuse, rapport à la terre, ruralité et mutations flottantes. La poigne littéraire de Cécile Coulon qui souligne toujours si étonnement l’amertume, la vengeance, la médiocrité, la mélancolie, le poids d’une histoire sur les corps. Rentrée littéraire 2019
Catégorie : Littérature générale
Figurec – Fabrice Caro (Gallimard)
Fabcaro a le vent en poupe et du coup, ses anciens textes prennent du galon. Oh joie pour les amateurs d’avoir encore de quoi se mettre sous la dent. L’histoire d’un type qui court les enterrements, qui rencontre bientôt un autre type avec la même occupation, et va mettre le pied dans une organisation monumentale et flippante. Un roman distrayant qui ne manque pas de panache.
Et frappe le père à mort – John Wain (Editions du Typhon)
De la difficulté de s’affranchir des diktats sociétaux et familiaux. John Wain continue d’explorer brillamment la question, en ajoutant ici une dimension swinguante avec une plongée totale dans le monde du jazz. Nous suivons ainsi Jeremy, fils de professeur de grec ancien éduqué dans les règles de l’art de la […]
Le discours – Fabrice Caro (Gallimard)
Fabcaro signe son deuxième roman, qui s’avère aussi truculent que ses BD. Ici dîner en famille, grande annonce et cadeau empoisonné. Une fois de plus, le quotidien sort de ses gonds. C’est très distrayant, très drôle et grinçant à souhait, à ne pas louper si vous voulez vous fendre la poire !
Grise fiord – Gilles Stassart (Rouergue)
Le Grand Nord canadien comme on le lit rarement. Un roman noir, politique, ethnographique, intense. Un roman initiatique qui mue en voyage, abordant les questions de filiation, de croyances, les regrets, les quêtes personnelles. On y lit l’âpreté, la rudesse, la chaleur, et plus concrètement la chasse, la survie, les déplacements en traineaux, les meutes de chiens. Une histoire forte et dramatique, et nous convie à une exploration peu commune et magnifique dans le cercle arctique.
Simone au travail – David Turgeon (Le Quartanier)
« Le dessin, c’est une affaire d’oeil. Il faut tenir sa cible, et viser juste. Et puis, c’est connu, les tueurs aussi s’exercent d’abord sur le papier. » Etonnant roman fait d’art, d’énigmes et de multiples possibilités. Par la galerie d’art d’Alban Wouters, nous entrons dans la vie d’une poignée de personnages, tous plus ou moins à un moment de flottement de leurs vies, qu’il s’agisse de la fin d’une exposition, d’un temps de pause entre deux affaires, d’un amour flottant. David Turgeon investit ce temps d’attente, par lequel des relations vont se nouer, des dés se jeter…
Le corps est une chimère – Wendy Delorme (Au Diable Vauvert)
Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Pour ce quatrième roman, elle aborde ce qu’elle connaît bien et défend quotidiennement, les questions d’identité, de genre, de féminin-masculin. A travers une galerie de personnages, elle parle des minorités en leur donnant corps, pointant qu’elles ne sont en rien des exceptions.
Avec Bastien – Mathieu Riboulet (Verdier)
L’histoire de Bastien, garçon de la campagne épris de Nicolas parti trop tôt, et qui va toute sa vie combler ce manque par l’exploration des corps, l’histoire d’un enfant qui grandit, d’un adolescent devenu adulte, d’un garçon conscient de sa différence, de son attirance pour le même sexe, de sa force de caractère à assumer ses choix, de ses questionnements sur l’identité et la notion de genre. Très fort, très dur et très beau.
Billy le menteur – de Keith Waterhouse (Editions du Typhon)
Dans une petite ville du Yorkshire, Billy Fisher ment à ne plus savoir comment il s’appelle. Jeune homme plein de contradictions, qui aime être pénard tout en se mettant dans des situations inextricables, plein de projets et d’envies tout en faisant preuve d’une incroyable force d’inertie, il incarne une époque sans le savoir, portant beaucoup plus de symboles qu’il ne pourrait l’imaginer. Du pur british working-class à (re)découvrir.
Par les rafales – Valentine Imhof (Rouergue)
Alex n’est pas banale, c’est le moins qu’on puisse dire. Jeune femme insaisissable, draguant la discrétion sans pour autant passer inaperçue, elle dissimule les fêlures et les restes de mauvaises rencontres sans pour autant s’en accommoder. Alors elle fait comme elle peut, répondant à un besoin viscéral de s’en libérer, quitte à laisser quelques corps inertes sur son passage. Un roman noir brut, subtil et dépaysant. Une pépite à ne pas laisser filer.
Watership down – de Richard Adams (Monsieur Toussaint Louverture)
Aujourd’hui, NickCarraway s’adresse aux enfants, ceux d’aujourd’hui mais également à ceux que vous avez été un jour… avec ce chef d’oeuvre que les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont eu la bonne idée de ressortir !
Mon traître – Sorj Chalandon – Pierre Alary (Grasset / Rue de Sèvres)
La rencontre entre un luthier parisien et l’Irlande du Nord, sa famille de cœur, les luttes, l’engagement et la traîtrise. Très grand roman de Sorj Chalandon, une histoire d’amitié à frémir et le conflit irlandais dans toute sa complexité.
En finir avec Eddy Bellegueule – Edouard Louis (Seuil)
Quand l’autofiction devient analyse sociétale. En 2014, Edouard Louis faisait jaser avec ce premier roman publié à 21 ans, revenant sur son enfance passée dans un village picard. Un texte qui happe, remue, interroge et qui en dit long.
Les heures rouges – Leni Zumas (Presses de la Cité)
Quatre portraits de femmes, destins croisés dans une Amérique à peine futuriste. Avortement, PMA, GPA, Leni Zumas met le doigts sur la fragilité des droits, en par particulier ceux liés aux femmes et à la famille. Un sujet ultra-contemporain traité de façon pas inintéressante mais un peu raide.
Asta – Jon Kalman Stefansson (Grasset) #MRL18
Gros coup de cœur pour ce roman absolument sublime. Vraiment un grand moment de littérature. Alors que Sigaldi vient de tomber de l’échelle, ses souvenirs remontent. On apprend sa rencontre avec Helga dans les années 50, leurs filles, l’Islande. Progressivement, les épisodes s’imbriquent et l’on prend la mesure des passions, des prises de bec, des tempéraments volcaniques.
Leurs enfants après eux – Nicolas Mathieu (Actes Sud)
Souvenez-vous, les années 90, C17, Rica Lewis, Waikiki, les consoles de jeux, les Gauloises, Nirvana… Déjà 20 ans, presque 30. Il fallait bien ça pour prendre de la hauteur, et méditer sur le contexte de l’époque. L’ère Mitterrand qui passait la main à l’ère Chirac, l’après Trente Glorieuses, les désillusions grimpantes. A travers une multitude d’histoires croisées, Nicolas Mathieu fait coïncider histoire personnelle et contexte social, le poids de l’un sur l’autre. L’un des romans marquants de cette rentrée littéraire, toujours en lice pour le Goncourt.
Nuit synthétique – Anna Dubosc (Rue des Promenades)
L’histoire d’une femme, des relations qu’elle tisse, fantasme, ou fuit, ses tâtonnements, ses questionnements, ses errements.
Hurry on down – John Wain (Editions du Typhon)
Premier titre au catalogue d’un tout nouvel éditeur très alléchant, tant dans ses projets de parution que dans son allure avec sa maquette qui pose les choses d’entrée. Ici, nous tenons la réédition d’un texte paru en 1953, dans lequel John Wain dépeint, à travers l’émancipation de son anti-héros, l’Angleterre d’après-guerre dans son amertume. A découvrir !
Rivière tremblante – Andrée A. Michaud (Rivages)
Québec. Deux disparitions, survenues à des années d’écart et à des lieux opposés. Deux histoires qui n’ont de semblable que les manques qu’elles laissent et les traces que l’on cherche encore pour tenter d’ébaucher un deuil. Un roman noir sublime et bouleversant, l’une des pépites de cette rentrée littéraire.
SÉLECTION I La dictature argentine et ses disparus
Sélection qui aborde les heures sombres de l’Argentine, la dictature, les desaparecidos, les vies volées, et les grands-mères de la place de mai, ce mouvement réunis en ONG en 1977, après le coup d’état de 1976, dans le but de découvrir la vérité sur le sort des enfants disparus pendant la dictature argentine.