La maternité dite sans fard. La maternité contemporaine, féministe, contradictoire. Amandine Dhée témoigne de son expérience, comme un direct lancé dans les préceptes véhiculés par quiconque à voix au chapitre dans notre société encline au progrès. Elle dit les difficultés à se placer, à se trouver, à profiter tout en sachant garder une part d’égoïsme, maintenir l’individu au-delà du statut. Un texte à faire circuler largement, et pas seulement auprès des (futures) mères, et seulement auprès des femmes…
Catégorie : Re-Voir la société
Paz – Caryl Férey (Gallimard)
Ambiance guérilla colombienne, jeux de dupes et duel fratricide dans ce nouveau roman de Caryl Férey, particulièrement noir, saisissant, en bref, réussi. Un très bon cru, dans la veine de Mapuche et Zulu. Rentrée littéraire 2019.
Symphonie carcérale – Romain Dutter (Steinkis)
Romain Dutter a été coordinateur culturel à Fresnes pendant une dizaine d’années. Dans ce premier roman graphique, il revient sur son parcours, son côté baroudeur d’abord, qui l’a mené au Honduras où le hasard l’a conduit à travailler dans une prison pour occuper le temps des détenus, expérience qui a forcément été déterminante dans la suite de l’histoire. Une BD originale, passionnante, instructive et non sans humour.
La maison – Emma Becker (Flammarion)
Roman coup de poing, déculotté, féministe, pro-sexe et forcément remarqué dans cette rentrée littéraire. Emma Becker est autrice et journaliste. Ça faisait un moment qu’elle s’intéressait à la condition prostituée, et a poussé ses questionnements à son paroxysme en devenant elle-même l’une d’elles. Un texte dense, pointilleux, qui ne mâche pas ses mots, intéressant à découvrir, quelque soit son positionnement sur la question.
Corps sonores – Julie Maroh (Glénat)
Après l’incandescente rencontre amoureuse entre deux jeunes femmes dans Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh s’intéresse de nouveau aux sentiments et ébats amoureux dans un genre de recueil de rencontres qui ne laisse pas indifférent. C’est très beau, pluriel, intense. Une belle entracte.
Et frappe le père à mort – John Wain (Editions du Typhon)
De la difficulté de s’affranchir des diktats sociétaux et familiaux. John Wain continue d’explorer brillamment la question, en ajoutant ici une dimension swinguante avec une plongée totale dans le monde du jazz. Nous suivons ainsi Jeremy, fils de professeur de grec ancien éduqué dans les règles de l’art de la […]
Appelez-moi Nathan – Catherine Castro & Quentin Zuttion (Payot Graphic)
Lila ne s’est jamais franchement sentie fille. Pas même garçon manqué. Plutôt garçon tout court. Si pendant l’enfance, la différence ne se fait pas encore trop sentir, les choses se compliquent à l’adolescence, entre hormones et éveil et seins qui poussent, qui la mettent au pied du mur face à son identité. Car il ne s’agit pas juste de fuir les robes légères et de préférer le foot à la danse, Catherine Castro et Quentin Zuttion nous parlent bien de dysphorie de genre. Un très bel album à faire circuler.
Le corps est une chimère – Wendy Delorme (Au Diable Vauvert)
Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Pour ce quatrième roman, elle aborde ce qu’elle connaît bien et défend quotidiennement, les questions d’identité, de genre, de féminin-masculin. A travers une galerie de personnages, elle parle des minorités en leur donnant corps, pointant qu’elles ne sont en rien des exceptions.
La terre des fils – Gipi (Futuropolis)
Le monde d’après. Après quoi, on ne sait pas trop. Toujours est-il qu’un homme tente de protéger tant bien que mal ses fils du passé, de l’avenir, du monde extérieur, de ce qui pourrait les attendre ou les atteindre, d’eux-mêmes peut-être aussi. Gipi frappe fort tout en disant peu et dépeint une parfaite allégorie de ce vers quoi nous tendons. Renversant !
Dans le noir – de Daria Bogdanska (Rackham) #WomenDoBD
Le bibliothécaire et booktubeur Nick Carraway vous propose une BD de haute lutte, ou l’histoire d’une jeune illustratrice polonaise tout juste débarquée en Pologne et rapidement confrontée au travail au noir et son esclavagisme moderne. L’histoire d’une jeune fille à la force mentale impressionnante, et une invitée de choix dans le festival Littérature, Puissance, etc, du 12 au 15 octobre 2018 sur la métropole lilloise.
L’insoumise de la Porte de Flandre – Fouad Laroui (Julliard)
Ou comment traiter d’un sujet d’actualité brûlante avec détachement et intelligence. Tout l’art de Fouad Laroui de détendre l’atmosphère tout en parlant d’islamisme, de radicalisation et de faits divers. Une farce contemporaine et médiatique recommandée par NickCarraway.
La troisième population – Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié (Futuropolis)
Les auteurs de BD Aurélien Ducoudray et Jeff Pourquié se sont rendus à la clinique psychiatrique de La Chesnaie, dans le Loir-et-Cher. Ils décrivent leurs rencontres et donnent à voir un portrait édifiant d’une structure pas banale, d’où découlent des réflexions plus globales sur le rapport aux maladies psychiatriques et aux soins. Très instructif !
Pills nation – Adrien Pauchet (Aux Forges de Vulcain)
Paris sous la canicule. Une drogue nouvelle génération circule dans les circuits funéraires. Un premier roman enthousiasmant et franchement bluffant, qui pointe les déraillements de notre société (et qui donne soif).
Guirlanda – Mattoti et Kramsky (Casterman)
Un récit qui tient de l’épopée, du conte, de la fable, un morceau de choix, ambitieux, déstabilisant et enchanteur.
Les nouvelles de la jungle de Calais par Lisa Mandel et Yasmine Bouagga (Casterman)
La jungle de Calais, on s’en fait tous une idée. Ce lieu titille notre mauvaise conscience, comme un arrière-goût de tisane dans la bouche que l’on voudrait oublier mais qui persiste. Je vous conseille de ne pas ouvrir cet album pour continuer à vivre paisiblement. Admettons que vous souhaitiez l’ouvrir, cet album.
Chronique du 115 : une histoire du samu social (Steinkis)
Une BD documentaire instructive sur l’histoire du SAMU social et le rapport à l’exclusion.
Quelques jours à vivre (Delcourt)
Immersion dans un service de soins palliatifs. Xavier Bétaucourt et Olivier Perret ont partagé le quotidien des soignants de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de Roubaix et livrent un documentaire remarquable sur la prise en charge de la fin de vie.
Les larmes noires sur la terre – Sandrine Collette (Denoël)
Sandrine Collette a le don pour vous coller des suées tout en préservant l’humain, si sombre soit-il. Fabuleux roman, concentré de noirceur à la limite de l’anticipation sociale, avec des parcours cabossés de femmes lumineuses.
Semez pour résister !
Que vous cherchiez à fleurir ni vu ni connu votre quartier, par goût de la nature sauvage ou par envie de participer à votre niveau à la guérilla jardinière, les bombes à graines sont taillées pour vous.
Les corps brisés – de Elsa Marpeau (Gallimard)
Elsa Marpeau signe un polar tendu, à la fois très social et glaçant. Un roman fort et très instructif sur le handicap avec une tension glissant sur le terrain du thriller pour le bonheur de vos nerfs.