Brigitte Fontaine est publiée ici par Riveneuve, dans sa collection Pépites, pour un texte court qui a pour titre La reine du Mardi-gras. De quoi s’agit-il ?
Catégorie : Littérature
La ferme aux poupées – Wojciech Chmielarz (Agullo)
Ambiance polonaise avec un polar bien senti, trépidant, efficace, qui montre une fois de plus que les éditions Agullo ont du nez pour dénichez des auteurs et des textes qui en ont dans le ventre. Une affaire tendance dossier pédophile qui se mue progressivement en meurtres en série complexe. On découvre la Pologne par la petite porte, les individus, la condition tsigane, avec des personnages bien campés et un scénario bien ficelé.
Médée – Euripide
Médée, figure tragique par essence, passionnée, entière et à l’instinct vengeur sans détour. Un personnage complexe et fascinant, aux prises avec sa condition de femme, avec son époque, ses moeurs, ses contradictions, chavirée par la frustration, l’impuissance et l’injustice, et qui cède à une folie destructrice et rageuse et ravageuse.
[Rentrée littéraire 2020] La grâce et les ténèbres – Ann Scott (Calmann Levy)
Dans son dernier roman, Ann Scott nous plonge dans la lutte souterraine contre le terrorisme, où l’on reste en apnée sans tellement d’échappatoire. Un roman dense et très documenté sur ceux qui scrutent les djihadistes sur les réseaux sociaux en vue de les annihiler ou en tout cas déjouer leurs funestes prévisions.
Lysistrata – Aristophane
En -411, dans la cité d’Athènes, Aristophane se frotte à la domination masculine, avec cette pièce truculente et grivoise, où les femmes ont décidé de faire la grève du sexe pour faire revenir leurs hommes au bercail, les enjoindre de cesser cette guerre qui sévit dans le Péloponnèse. Si vous souhaitez retenter la littérature antique en faisant un pied de nez à vos (mauvais) souvenirs, cette pièce est pour vous !
[Rentrée littéraire 2020] Ceux dont ça serait bien qu’on en parle un peu plus
Le rituel de rentrée littéraire est carnassier et même si celle-ci, avec ses 511 sorties, est un chouïa plus réduite qu’habituellement, la visibilité reste rude pour beaucoup. Voici donc une trentaine de titres qui sortent des sentiers battus, et à mon sens sortent du lot, en espérant que vous y puisiez quelques envies de lecture…
[Rentrée littéraire 2020 ] La petite dernière – Fatima Daas (Noir sur blanc)
Premier roman coup de poing qui me réconcilierait presque avec l’autofiction ! Du tâtonnement d’une jeune fille qui se sent plus mec qu’autre chose, qui se sent aimer les femmes sans pour autant plier devant l’évidence, qui puise sa force dans l’islam qui pourtant ne tolère pas sa condition.
Le sel de tes yeux – Fanny Chiarello (Editions de l’Olivier)
Etre ado, se construire en tant qu’être à part entière, tenter d’affiner et d’affirmer ses sensibilités, c’est ce qu’explore si finement Fanny Chiarello, à travers le portrait de Sarah, qui ouvre les yeux sur son homosexualité dans une famille pour qui ça ne coule pas de source. Un très beau texte, touchant et juste.
[Rentrée littéraire 2020] Saturne – Sarah Chiche (Seuil)
Comment grandir dans l’ombre des disparus trop tôt, comment s’extraire de l’histoire familiale, ou comment accepter que le corps se mette en pause, le temps que la tête retrouve la force de le faire avancer. Sarah Chiche, psychologue clinicienne et psychanalyste, interroge les silences et les trop-dits.
Elégies de Duino, Sonnets à Orphée et autres poèmes – Rainer Maria Rilke
Prendre le temps de se plonger dans la poésie de Rilke, dans laquelle le poète couche sur le papier ses doutes et ses angoisses, interroge l’humanité, l’individualité, en quête d’un certain apaisement.
[Rentrée littéraire 2020] Le ciel les yeux fermés – Adam Ehrlich Sachs (Inculte)
Un roman à l’écriture atypique et entêtante qui prend la forme d’un conte baroque, distillant de la philosophie, et de la poésie gothique. Une expérience vraiment sympathique et une des très bonnes surprises de cette rentrée.
[Rentrée littéraire 2020] Comme un empire dans un empire – Alice Zeniter
Un roman dense et fluide à la fois qui ouvre sur les rouages de l’empire d’internet, lui-même imbriqué dans l’empire des hommes régi par le monde politique.
Lettres du mauvais temps – Jean-Patrick Manchette (correspondance 1977-1995)
Un recueil brillamment édité, qui donne à lire la vie et les avis de Manchette, depuis le sommet de sa gloire jusqu’à sa disparition au terme d’une lutte acharnée contre l’adversité.
[Rentrée littéraire 2020] Comédies françaises – Eric Reinhardt
Un titre évocateur. Dans ce dernier roman d’Eric Reinhardt il sera donc question de comédies, en divers sens du terme, et l’ancrage sera très français. Comédie du surréalisme, comédie des lobbys, comédie des classes sociales vont donc être évoquées avec une ambition littéraire inégale et parfois inappropriée.
Le chien noir – Lucie Baratte (Editions du Typhon)
Lucie Baratte nous invite à entrer dans l’univers d’un Barbe bleue revisité, mêlant essences classiques et contemporaines, finesse littéraire, angoisse macabre oppressante et obsessionnelles. Le chien noir s’impose sans trembler dans la veine de la littérature gothique dans la pure tradition du genre, enveloppante et délicieusement flippante.
Le Maître et Marguerite – Mikhaïl Boulgakov
Dans Le Maître et Marguerite, Boulgakov revisite le mythe de Faust en faisant déambuler le Diable dans Moscou, sous les traits d’un Wolang prestidigitateur ès magie noire qui n’en finit pas de semer le trouble à travers la ville, avec dans son sillage ses acolytes démoniaques Koroviev, Azazel, ou Béhémot, un chat presque humain et tout aussi amateur de cognac. Leur venue renverse les codes, fait tomber les têtes, octroie à certains un petit séjour à l’hôpital psychiatrique, vide les caisses, enfumant tous ceux qu’y s’y frottent de près ou de loin. Un texte tourbillonnant, impressionnant et magnifique.
Noir volcan – Cécile Coulon (Castor Astral)
La poésie de Cécile Coulon reflète les étapes, les rencontres, les lieux qui façonnent, la puissance des sentiments, avec cette langue saisissante qui dit si justement les choses sans en faire des caisses. C’est de la délicatesse qui a de la poigne. Comme dans ses romans en somme, mais on plus resserré, comme une photographie qui en dit long. Avec trois poèmes à écouter.
Une fête pour Boris – Thomas Bernhard (L’Arche)
Absurderie, culs-de-jatte et causticité dans une pièce qui vaut son pesant de cacahuètes. Une Bonne dame cul-de-jatte revêche, organise une fête d’anniversaire pour son tout récent époux, choisi à l’hospice. Les choses sont loin d’être simples entre changements d’avis intempestifs, insatisfaction permanente et humeur massacrante, et ce n’est certainement pas sa dame de compagnie qui dira le contraire, d’une patience absolue qui n’en pense pas moins. La fête sera millimétrée, battra son plein et tournera au vinaigre, avec des situations où tout est possible et où le grotesque flirte avec le sarcasme et le jubilatoire.
Vanda / Marion Brunet (Albin Michel)
Autant dire les choses comme elles sont. Vanda, c’est l’une des claques de ce déconfinement. La dernière à m’avoir fait autant tordu les boyaux à sa lecture est Sandrine Collette dans Les larmes noires sur la terre. Je reste fascinée et presque sans voix devant cette justesse sur la violence sociale et sociétale dont ces autrices font preuve, avec des mots à la fois directs et flamboyants, sans misérabilisme mais avec poigne, et où l’on entraperçoit même une certaine fierté. Quel talent de savoir restituer cette brutalité, et en même temps tout l’amour, bancal mais si fort.
Ubu roi – Alfred Jarry
Ubu roi, pièce à l’histoire mouvementée, relatant la conquête du terrain par le Père Ubu, en despote primaire qui frise régulièrement le ridicule mais ne s’en émeut pas plus que ça. Un texte avec du tyran, de la cruauté et de l’humour, ou comment la soif de pouvoir tourne au vinaigre, avec un sens de l’absurde pas piqué des hannetons.