La fortune des Rougon – Emile Zola

Retour impromptu aux classiques pour moi sous l’impulsion bienheureuse de Moka et Fanny qui proposent que l’on se relise un classique par mois. Retour à Zola donc, pas lu depuis le lycée, avec ce premier volume des Rougon-Macquart, histoire de remettre un peu la généalogie familiale à plat. Condition sociale et humaine, moeurs, appât du gain, misère, mesquinerie, ivrognerie, retournage de veste, mais aussi revendications, ambitions tâtonnantes et amours contrariées, font le jus de ce roman fabuleusement naturaliste.

De pierre et d’os – Bérengère Cournut (Le Tripode)

Les Inuits ont longtemps parcouru le cercle Arctique, se déployant et se retrouvant, au fil des saisons, des réserves, des événements. Avec ce roman, nous y entrons par la survie d’une jeune fille retrouvée seule, séparée en pleine nuit de sa famille par la fissure de la banquise. Un récit initiatique rythmé par les chants gutturaux et poétiques qui nous plonge dans une parenthèse hors du temps.

Joueuse – Benoît Philippon (Les Arènes)

Vous voyez les films noirs tendance mafia, arrières salles enfumées, méchants très méchants, politiques véreux et bluff à tous les étages ? Benoît Philippon en a fait le jus de son dernier roman, un polar efficace qui ne fait pas dans la dentelle, mais avec tout de même un petit coeur tendre planqué quelque part. Un polar très divertissant avec des dialogues truculents et des scènes juteuses. Par l’auteur de l’immanquable Mamie Luger ! A découvrir !

La femme-brouillon – Amandine Dhée (La Contre-allée)

La maternité dite sans fard. La maternité contemporaine, féministe, contradictoire. Amandine Dhée témoigne de son expérience, comme un direct lancé dans les préceptes véhiculés par quiconque à voix au chapitre dans notre société encline au progrès. Elle dit les difficultés à se placer, à se trouver, à profiter tout en sachant garder une part d’égoïsme, maintenir l’individu au-delà du statut. Un texte à faire circuler largement, et pas seulement auprès des (futures) mères, et seulement auprès des femmes…

Mamie Luger – Benoît Philippon (Les Arènes)

Un matin, Berthe, 102 ans, accueille des policiers en intervention devant chez elle à coup de plombs dans le derrière. Soupçonnée d’être complice d’une nouvelle mouture de Bonnie & Clyde, elle est interrogée pour son port d’arme illégal et sa façon peu courtoise de coopérer avec les bleus. La journée va être longue pour l’inspecteur Ventura, d’autant que la perquisition révèle quelques macchabées bien planqués. Revigorant et distrayant. Gros coup de coeur !

La maison – Emma Becker (Flammarion)

Roman coup de poing, déculotté, féministe, pro-sexe et forcément remarqué dans cette rentrée littéraire. Emma Becker est autrice et journaliste. Ça faisait un moment qu’elle s’intéressait à la condition prostituée, et a poussé ses questionnements à son paroxysme en devenant elle-même l’une d’elles. Un texte dense, pointilleux, qui ne mâche pas ses mots, intéressant à découvrir, quelque soit son positionnement sur la question.

Zippo – Valentine Imhof (Rouergue)

Du bon noir balèze, bien serré, et fumé avec ça. Des femmes sont retrouvées carbonisées dans un parc à Milwaukee. Les lieutenants Mia Larström et Peter McNamara sont sur le coup, mais le goût amer de la redite se fait furtif puis de plus en prégnant au fur et à mesure que le déjà-vu s’affirme. Un polar troublant et trépidant, sondant les revers de la mémoire et des corps, la fragilité et la force qui y sont rattachées. Rentrée littéraire 2019.

Sale gosse – Mathieu Palain (L’Iconoclaste)

Délinquance, parcours familiaux hors pistes et PJJ. Wilfried est placé en famille d’accueil à l’âge de 8 mois. Tout se passe globalement pas trop mal, voire même plutôt bien, jusqu’à ce que son histoire lui revienne dans les dents à l’adolescence, à l’instant charnière où se croisent quête d’identité, prises de bec, autonomie balbutiante, colère ravalée et accumulée qui finit par faire des étincelles. Rentrée littéraire 2019

Les yeux fumés – Nathalie Sauvagnac (Le Masque)

Un roman coup de point qui reflète les invisibles des périphéries. Philippe n’est pas le préféré de la famille, en tout cas pas de sa mère, qui ne peut plus le voir en peinture, et encore moins depuis qu’il zone dans la maison et larve sans que le moindre changement se profile. Quid de l’oeuf ou la poule, de qui a provoqué le rejet de l’autre, a tiré le premier, de ce qui a rendu ce môme comme ça, toujours est-il qu’il finit par se barrer, rencontre Bruno, hippie zonard aux histoires fabuleuses, se prend dans la tronche la réalité du quartier, de la cité, du béton. Philippe va malgré tout trouver du boulot, rencontrer Mickey, Anne… et tenter d’avancer, à défaut d’autre chose. Rentrée littéraire 2019

Figurec – Fabrice Caro (Gallimard)

Fabcaro a le vent en poupe et du coup, ses anciens textes prennent du galon. Oh joie pour les amateurs d’avoir encore de quoi se mettre sous la dent. L’histoire d’un type qui court les enterrements, qui rencontre bientôt un autre type avec la même occupation, et va mettre le pied dans une organisation monumentale et flippante. Un roman distrayant qui ne manque pas de panache.

Grise fiord – Gilles Stassart (Rouergue)

Le Grand Nord canadien comme on le lit rarement. Un roman noir, politique, ethnographique, intense. Un roman initiatique qui mue en voyage, abordant les questions de filiation, de croyances, les regrets, les quêtes personnelles. On y lit l’âpreté, la rudesse, la chaleur, et plus concrètement la chasse, la survie, les déplacements en traineaux, les meutes de chiens. Une histoire forte et dramatique, et nous convie à une exploration peu commune et magnifique dans le cercle arctique.

Simone au travail – David Turgeon (Le Quartanier)

« Le dessin, c’est une affaire d’oeil. Il faut tenir sa cible, et viser juste. Et puis, c’est connu, les tueurs aussi s’exercent d’abord sur le papier. » Etonnant roman fait d’art, d’énigmes et de multiples possibilités. Par la galerie d’art d’Alban Wouters, nous entrons dans la vie d’une poignée de personnages, tous plus ou moins à un moment de flottement de leurs vies, qu’il s’agisse de la fin d’une exposition, d’un temps de pause entre deux affaires, d’un amour flottant. David Turgeon investit ce temps d’attente, par lequel des relations vont se nouer, des dés se jeter…

Le corps est une chimère – Wendy Delorme (Au Diable Vauvert)

Wendy Delorme est universitaire, performeuse, activiste féministe queer, écrivaine. Pour ce quatrième roman, elle aborde ce qu’elle connaît bien et défend quotidiennement, les questions d’identité, de genre, de féminin-masculin.  A travers une galerie de personnages, elle parle des minorités en leur donnant corps, pointant qu’elles ne sont en rien des exceptions.

Avec Bastien – Mathieu Riboulet (Verdier)

L’histoire de Bastien, garçon de la campagne épris de Nicolas parti trop tôt, et qui va toute sa vie combler ce manque par l’exploration des corps, l’histoire d’un enfant qui grandit, d’un adolescent devenu adulte, d’un garçon conscient de sa différence, de son attirance pour le même sexe, de sa force de caractère à assumer ses choix, de ses questionnements sur l’identité et la notion de genre. Très fort, très dur et très beau.

Par les rafales – Valentine Imhof (Rouergue)

Alex n’est pas banale, c’est le moins qu’on puisse dire. Jeune femme insaisissable, draguant la discrétion sans pour autant passer inaperçue, elle dissimule les fêlures et les restes de mauvaises rencontres sans pour autant s’en accommoder. Alors elle fait comme elle peut, répondant à un besoin viscéral de s’en libérer, quitte à laisser quelques corps inertes sur son passage. Un roman noir brut, subtil et dépaysant. Une pépite à ne pas laisser filer.